Les cours du Brent se maintiennent au-dessus de la barre des 100 dollars, mais ils peuvent s’envoler dès cette fin de semaine.
L’appel à la manifestation anti- Moubarak, demain, risque d’être crucial à plus d’un titre. Si l’Egypte n’est pas à l’abri du chaos, le marché pétrolier est, quant à lui, soumis à une pression qui peut provoquer une flambée des cours de l’or noir. Les conséquences sont à prendre très au sérieux: la timide reprise de la croissance mondiale, déjà bien fragile, risque d’être hypothéquée. Alors que les regards restent focalisés sur les marchés pétroliers avec en filigrane une probable flambée des prix du brut qui pointe le bout de son nez, une autre préoccupation majeure et non des moindres est évoquée: l’approvisionnement en pétrole du Vieux Continent n’est pas à l’abri d’une rupture. Cette hypothèse est cependant écartée dans l’immédiat. Quel est le type d’argument convaincant avancé qui puisse permettre d’aboutir à une telle conclusion? «En raison des stocks-tampons détenus par les pays membres de l’AIE (145 jours d’importations nettes), tout risque de rupture d’approvisionnement semble exclu», peut-on lire sur le site du quotidien français L’Express. Le raisonnement tient la route. Cependant, les ingrédients et les indices d’une potentielle «crise» pétrolière existent. Le terrain est miné. «Les flux de pétrole transitant dans la région du canal de Suez sont estimés à 3 millions de barils/jour, soit près de 15% de la consommation européenne», fait rappeler la banque helvétique Bordier & Cie. La situation est alarmante mais peut être maîtrisée, à condition toutefois que les troubles en Egypte qui prennent la direction de la Révolution de Jasmin en Tunisie ne perdurent pas. L’Europe risque, en effet, de payer cher l’or noir dans le cas où la crise politique au pays des Pharaons s’inscrirait dans le temps. «Les marchés craignent que ces troubles ne mettent à mal les livraisons de pétrole du Moyen-Orient vers l’Europe et les Etats-Unis. Si le canal fonctionnait mal ou fermait, les supertankers devraient faire un détour de 10.000 kilomètres par l’Afrique du Sud. Une réorganisation du transport qui induirait des délais et des coûts supplémentaires et donc une hausse des cours», a déclaré pour 20minutes.fr, Guy Maisonnier, ingénieur économiste à l’IFP Energies nouvelles. Le «processus» pour une augmentation notoire des prix du pétrole semble cependant bel et bien enclenché. «Bien que les troubles n’ont pas pour le moment affecté les livraisons, la prime de risque géopolitique devrait encore augmenter» pour les cours du brut, selon certains analystes. «L’annonce par le président Moubarak de son intention de rester au pouvoir jusqu’à l’élection présidentielle prévue en septembre, a contribué à soutenir les cours du Brent», faisait remarquer de son côté David Hart, de Westhouse Securities. Le marché pétrolier reste à l’écoute des échos en provenance du Caire.
En outre, le risque d’un effet domino dans la région est fort craint. «Les marchés fixent le prix du pétrole en fonction des anticipations à moyen terme. Ils ont donc intégré la possibilité que la crise politique se propage à des pays voisins de la Tunisie et de l’Egypte, comme l’Algérie ou la Libye. Cet élément géopolitique joue beaucoup», a estimé cet analyste. «Pour l’instant, aucun risque de pénurie n’est à prévoir. Mais si la production de ces trois pays était affectée, l’OPEP ne disposerait plus de marges de manoeuvre. Cela créerait une pression sur l’offre et donc sur les prix», a tenu à rassurer Guy Maisonnier. Les prémices de ce scénario se font déjà sentir. Les cours du Brent de la mer du Nord ont atteint, mardi, les 102 dollars le baril. Un seuil qui n’a pas été atteint depuis le mois d’octobre 2008.
Source l’Expression Mohamed Touati
Le Pèlerin