Comment faire tomber El Gueddafi ?
C’est la question qui continue à tarauder la communauté internationale. Jusque-là, deux options sont mises en lumière. Il s’agit du gel des avoirs libyens à l’étranger et la possibilité de créer une zone d’exclusion aérienne pour empêcher les forces du régime de Tripoli de bombarder les civils.
Sur le plan financier, les 27 pays de l’Union européenne se sont mis d’accord hier pour décréter de nouvelles sanctions à l’encontre de la Libye, visant notamment un fonds souverain et la banque centrale, après le gel des avoirs du colonel Mouammar El Gueddafi et de 25 de ses proches fin février, selon l’AFP citant des sources diplomates. Cet accord doit encore faire l’objet d’une approbation formelle par les 27 gouvernements en vue d’une entrée en vigueur d’ici au sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement, prévu vendredi à Bruxelles, a précisé un diplomate. Ces nouvelles sanctions concernent notamment les avoirs de la Libyan Investment Authority (LIA), un fonds souverain qui gère les revenus du pétrole libyen et détient des parts dans plusieurs grandes entreprises européennes, dont la banque italienne UniCredit, le groupe italien d’aéronautique et de défense Finmeccanica ou le groupe britannique d’édition Pearson.
La délégation maltaise, soutenue par d’autres délégations, avait formulé des réserves lundi denier à propos du gel de ces avoirs, redoutant qu’il n’affecte indirectement les activités des entreprises européennes dont une partie du capital était détenue par la LIA. Selon un diplomate européen, «une clarification a été trouvée pour éviter des effets indésirables des sanctions contre la LIA sur des entreprises européennes». Le même jour, deux comptes libyens suspects ont été gelés dans des banques à Luxembourg pour un montant de moins d’un milliard d’euros, a annoncé, sur une chaîne de télévision luxembourgeoise, le ministre des Finances, Luc Frieden, a indiqué hier l’AFP. «Deux comptes ont été bloqués, nous avons agi de façon préventive, car nous avions remarqué des mouvements suspects», a expliqué Luc Frieden. Le ministre a précisé que le gel des avoirs suspects libyens avait été effectué à la suite de dénonciation de banques auprès des autorités luxembourgeoises après la publication le 26 février dernier d’une liste de seize personnes liées à Mouammar El Gueddafi et à sa famille et visées par les sanctions de l’ONU. Selon le ministre des Finances, les avoirs identifiés au Luxembourg ne sont pas directement rattachés à Mouammar El Gueddafi ni à sa proche famille.
Les sommes en jeu s’élèvent «à moins d’un milliard d’euros», a-t-il précisé. Un des comptes identifiés appartient à une entité de la Banque centrale de Libye et le second compte est celui d’un fonds souverain libyen. «L’argent provenait de la vente de pétrole», a indiqué Luc Frieden. Les autorités luxembourgeoises ont agi à titre préventif «pour éviter en ces temps de chaos que le clan El Gueddafi ne se serve de ces fonds», a-t-il dit. Luc Frieden a par ailleurs affirmé qu’aucun compte appartenant directement aux anciens dirigeants tunisien Zine El Abidine Ben Ali et égyptien Hosni Moubarak n’avaient été identifiés dans les banques luxembourgeoises.
Côté militaire, les puissances occidentales tenteront de trouver un consensus demain et vendredi prochains à Bruxelles au sein de l’Union européenne et de l’OTAN pour trouver une solution à la crise libyenne. Solution qui passe par la chute du dictateur de Tripoli.
Ainsi, le Premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, a déclaré hier qu’une intervention militaire en Libye ne doit être envisagée qu’en «dernier recours» et toujours avec l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU.
«Toute intervention ne doit être envisagée qu’en dernier recours.» Et «j’insiste, en dernier recours», a indiqué Luis José Zapatero lors d’une conférence de presse conjointe avec le président chilien Sebastian Pinera. «Face à l’hypothèse d’une intervention en Libye, il faut rappeler les principes à suivre : tout d’abord le feu vert du Conseil de sécurité de l’ONU et du Parlement espagnol», a relevé le Premier ministre espagnol. Le même jour, l’Organisation de la conférence islamique (OCI) a recommandé, à l’issue d’une réunion extraordinaire sur la Libye, l’établissement d’une zone d’exclusion aérienne dans ce pays, mais rejeté toute intervention militaire directe. Dans son communiqué, l’OCI appelle «à une réunion ministérielle dans les meilleurs délais pour qu’elle adopte sa recommandation d’une zone d’exclusion aérienne». Néanmoins, l’Organisation est hostile à «toute intervention militaire directe dans ce pays».
De son côté, le délégué libyen, Mohammad Al Chakl, a exprimé de profondes réserves à la recommandation. A son avis, ce qui se passe en Libye est «une conspiration visant la sécurité nationale» de son pays.Rappelons que lundi dernier, lesmonarchies arabes du Golfe se sont elles aussi déclarées favorables à la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne «pour protéger les civils». La France et la Grande-Bretagne travaillent sur un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU imposant une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye, qu’ils veulent présenter dès cette semaine, selon des diplomates
Source El Watan Amnay Idir
Le Pèlerin