Algérie
13 Mai 1958 – Il y a 50 ans déjà
Le 13 Mai 1958 ont eu lieu des évènements majeurs pour l’Algérie. Que l’on soit pour ou contre, faute de pouvoir discerner et statuer sur la vérité, je vous propose des témoignages vous de vous faire une opinion…. Alors scolaire à Hussein-Dey, j’ai vécu ces évènements en espérant que nous resterions en Algérie….C’est à partir de ces instants que les affaires se sont radicalisées et que toute cohabitation est devenue impossible….Dommage
1 Un témoignage plutôt opposé au déroulement des opérations
France-Télévision et le ministre de la défense au secours de l'OAS ? : Un documentaire dédié à un officier putchiste sur une chaîne publique
Le samedi 10 mai en fin de soirée, la chaîne du service public "France 3" propose un film documentaire d'Alain de Sédouy intitulé "Le Destin d'un capitaine". Sa diffusion est prévue dans le cadre du magazine “Passé sous silence” :
Inspiré par Georges Oudinot, ce film est par ailleurs présenté comme suit :
"Après la bataille de Dien Bien Phu, le capitaine Georges Oudinot rejoint l'Algérie où il est nommé chef des SAS, les sections administratives spécialisées, à Beni Douala, en Kabylie. Il est alors loin de réaliser l'ampleur des velléités indépendantistes et les choix difficiles auxquels il va être confronté, entre discipline et sens de l'honneur. Cinquante ans plus tard, en compagnie de son épouse et de ses compagnons de l'époque, Georges Oudinot se souvient... À travers son histoire se dessine la genèse de la guerre d'Algérie."
… et également en ces termes :
"Lors de la guerre d'Algérie, l'armée française fut engagée dans une mission de maintien de la paix et de lutte contre le sous-développement, puis, après la radicalisation du FLN, dans une lutte antiterroriste. En faisant du peuple son arme principale, le FLN a conduit l'armée à recourir à des méthodes de combat contraires à ses traditions et à ses valeurs, en particulier l'usage de la torture dans la recherche du renseignement. La crise morale de l'institution militaire française, amorcée en Indochine, fut consommée dès cet instant, et connut son apogée lors du putsch des généraux, en 1960. Il s'ensuivit l'exode des Européens et le massacre des harkis, victimes expiatoires de la guerre."
Il convient de rappeler que le capitaine putschiste Georges Oudinot est l’auteur de "Un béret rouge en... képi bleu ! : Mission en Kabylie 1956-1961, Carnets d'un chef de SAS, Beni-Douala". Sur son site Internet (www.adimad-oas.com), l’association de factieux, nostalgiques de la France coloniale en Algérie, dénommée "Adimad" assure la promotion de ce livre dans les termes ci-après : « Septembre 1955. Le capitaine Oudinot revient d'Indochine, amer d'avoir dû quitter ses compagnons d'arme, les "paras vietnamiens". II a beaucoup réfléchi à cette guerre subversive perdue et comme la plupart des officiers d'Indochine, il est convaincu que lors des conflits latents, l'objectif de l'agresseur sera désormais la prise en main des populations pour les soumettre à une idéologie révolutionnaire.
"Homme de guerre, il se sent concerné par la situation alarmante de l'Algérie où une mouvance subversive indépendantiste minoritaire très active profite de la sous-administration endémique du bled pour instaurer, par le racket et l'assassinat, un climat insurrectionnel généralisé."
"La gravité de la situation contraint le gouvernement à faire appel à l'Armée et le gouverneur général Soustelle obtient, pour étoffer le maillage administratif, que soit mis sur pied un service des Affaires algériennes inspiré du service des Affaires indigènes du Maroc. Les officiers de ce nouveau service, qui portent le traditionnel képi bleu à croissant d'or de leurs "Anciens", prennent en charge de nouvelles circonscriptions : les Sections Administratives Spécialisées (SAS) créées par fractionnement des communes mixtes. Leur mission immédiate consiste à rétablir le contact avec la population, en liaison étroite avec l'Armée, et à réactiver l'Administration sous toutes ses formes. Aux yeux du capitaine Oudinot, " l'officier SAS " ainsi défini est le maillon qui manquait entre les domaines civil et militaire, confrontés à une situation de non-droit. Une fois de plus, il se porte "volontaire". En mai 1956, il est nommé chef de la SAS de Beni-Douala, en Grande Kabylie. ».
Les recherches, sur Internet, concernant le contexte dans lequel le film "Le Destin d'un capitaine" a été réalisé conduisent au très officiel site de la Garnison de Paris (http://www.garnison-paris.terre.defense.gouv.fr), éditrice d’un rapport bimensuel dont le n° 6 (16-30 avril 2008) comporte, en page 2, un encart consacré au documentaire en question (cf. pièce jointe). Il y apparaît que l’autorité militaire en a assuré la projection en avant-première, le jeudi 17 avril 2008, dans les locaux de l’École militaire à Paris.
Cette présentation a été organisée conjointement avec le "Secours de France", commanditaire du film. Composée d’anciens activistes et sympathisants de l’OAS, l’association "Secours de France", cousine germaine de l’Adimad, était représentée par deux de ses dirigeants lors d’un hommage au chef des commandos Delta de l’OAS, le lieutenant déserteur Roger Degueldre, sur le lieu de sa sépulture (cimetière des Gonards à Versailles), le 7 juillet dernier, à l’occasion du quarante-cinquième anniversaire de son exécution après condamnation à mort par la Cour militaire de justice le 28 juin 1962.
Ainsi cautionnée par le ministère de la défense, l’initiative de la promotion d’un documentaire dédié à un capitaine félon vient renforcer le sentiment à la fois d’une résurgence de l’OAS atteignant le cœur de la République et d’une contribution du Gouvernement à la réhabilitation de cette organisation séditieuse.
C’est ce sur quoi je souhaitais appeler tout particulièrement votre attention, au lendemain de la rencontre entre l’ancienne ministre de la défense avec le président Bouteflika et de ses déclarations à la presse algérienne : « À travers cette visite en Algérie, j'ai voulu manifester la volonté de la France de renforcer encore davantage les liens historiques et étroits qui existent entre nos deux pays dans un domaine de coopération particulier, celui de la protection de nos concitoyens contre les risques et les menaces du terrorisme » !
Jean-François Gavoury
Président de l’Association nationale
pour la protection de la mémoire
des victimes de l’OAS (ANPROMEVO)
2 Un témoignage pro européen
Le 13 mai 1958, les Algérois d'origine européenne en appellent au général de Gaulle pour maintenir la souveraineté de la France sur l'Algérie. L'insurrection va avoir raison de la IVe République... et inutilement prolonger la guerre d'Algérie en mettant fin aux espoirs nés quelques mois plus tôt.
Sabotage d'une solution politique
Au début de l'année 1958, Pierre Pflimlin, député MRP (chrétien-démocrate) de Strasbourg, est pressenti pour la présidence du Conseil. Mais il est soupçonné de vouloir négocier un cessez-le-feu avec les rebelles du FLN qui luttent pour l'indépendance de l'Algérie.
Les gaullistes qui militent corps et âme pour le retour du général de Gaulle au pouvoir encouragent les pieds-noirs à la sédition. Ils laissent entendre que le Général est la personnalité la mieux placée pour maintenir les trois départements algériens au sein de la République.
Le 10 mai 1958, Alain de Sérigny, directeur de l'Écho d'Alger, publie un éditorial où il en appelle à de Gaulle pour sauver l'Algérie française que les partis traditionnels et le prochain gouvernement s'apprêtent à lâcher : «Je vous en conjure, parlez, parlez vite, mon général...»
Vrai-faux coup d'État
Le 13 mai 1958 est le jour de l'investiture de Pierre Pflimlin. À Alger a lieu une manifestation d'anciens combattants à la mémoire de trois militaires du contingent faits prisonniers par les fellaghas et fusillés en Tunisie.
Profitant de la manifestation, les partisans de l'Algérie française donnent l'assaut au bâtiment du gouvernement général sous la conduite de Pierre Lagaillarde, un leader étudiant. Après la mise à sac du gouvernement général, les émeutiers nomment un Comité de salut public.
Le général Jacques Massu, qui a reçu de Félix Gaillard les pleins pouvoirs civils et militaires à Alger, en accepte la présidence. Il envoie à Paris un télégramme : «... exigeons création à Paris d'un gouvernement de salut public, seul capable de conserver l'Algérie partie intégrante de la métropole». Les députés, qui n'apprécient pas cette intrusion, investissent comme prévu Pierre Pflimlin. C'est la rupture avec Alger.
Le 14 mai, à 5 heures du matin, Massu lance un nouvel appel : «Le comité de salut public supplie le général de Gaulle de bien vouloir rompre le silence en vue de la constitution d'un gouvernement de salut public qui seul peut sauver l'Algérie de l'abandon».
Le lendemain, 15 mai 1958, le général Raoul Salan, qui commande l'armée en Algérie, prononce une allocution devant le comité de salut public, à l'intérieur du Gouvernement général d'Alger : «Vive la France, vive l'Algérie française, vive le général de Gaulle !»
Puis il se rend sur le balcon et s'adresse à la foule rassemblée sur le Forum : «Nous gagnerons parce que nous l'avons mérité et que là est la voie sacrée pour la grandeur de la France. Mes amis, je crie : «Vive la France ! Vive l'Algérie française !»... Il se retourne vers l'intérieur mais se heurte à la haute silhouette du gaulliste Léon Delbecque qui lui souffle : «Vive de Gaulle, mon général !» Revenant vers le micro, Salan reprend la phrase : «Vive de Gaulle !»
Les dés sont jetés avec cet appel public au Général, éjecté de l'activité politique en 1947 mais toujours très désireux de donner à la France des institutions plus stables que la IVe République.
De Gaulle, le retour
De sa retraite de Colombey-les-Deux-Eglises, de Gaulle fait répondre le jour même qu'il se tient prêt à «assumer les pouvoirs de la République».
Le 19 mai, il donne une conférence de presse pour dire qu'il refuse de recevoir le pouvoir des factieux d'Alger. Aux journalistes qui s'inquiètent de l'éventualité d'une dictature, il lance : «Croit-on qu'à 67 ans, je vais commencer une carrière de dictateur ?».
Le 27 mai, de Gaulle affirme dans un communiqué qu'il entame le processus régulier pour «l'établissement d'un gouvernement républicain». Stupeur dans la classe politique. Serait-ce un coup d'État ?
Pour dénouer la situation, René Coty, le président de la République, se résout le 1er juin, dans un message au Parlement, à en appeler au «plus illustre des Français... Celui qui, aux heures les plus sombres de notre histoire, fut notre chef pour la reconquête de la liberté et qui, ayant réalisé autour de lui l'unanimité nationale, refusa la dictature pour établir la République».
Le général forme sans attendre un gouvernement de rassemblement avec Guy Mollet, chef de la SFIO (parti socialiste), Antoine Pinay (Centre National des Indépendants, droite), Pierre Pflimlin, MRP (chrétien démocrate), Michel Debré (gaulliste),...
Investi de la présidence du Conseil, le général Charles de Gaulle s'attelle à la mise sur pied d'une nouvelle Constitution. Elle est approuvée par référendum le 28 septembre 1958 avec 79,2% de Oui et toujours en vigueur.
Le 21 décembre 1958, Charles de Gaulle est élu président de la République et de la Communauté française par un collège électoral. C'est le premier président de la Ve République.
Sources Fré.fr et http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19580513
Cordialement
Le Pèlerin