Algérie : les griefs de la France à l’égard de la politique algérienne
Explication de texte : au plan diplomatique, l’Algérie mène un dialogue sécuritaire avec l’OTAN ; n’a plus de politique africaine qui a caractérisé sa diplomatie au début du règne de Bouteflika ; absente de la scène diplomatique arabe ; gère difficilement ses relations de voisinage avec des pays comme la France et l’Espagne…
Dans le domaine économique, «la stratégie algérienne est marquée par une dispersion dans le choix des alliances : l’Algérie ne possède pas un partenaire clairement identifié», soulignent les mêmes sources. Les Français pointent du doigt un retour en force de réflexes protectionnistes qui bloquent le processus de privatisation. «Un tel réflexe aurait été facile à comprendre si l’Algérie avait réellement une vraie industrie à protéger. L’industrie algérienne n’exporte pas et en la maintenant dans cet état, l’Algérie perd des points de croissance précieux», explique un industriel français. A Paris, après les récents passages de Hamid Temmar et Chakib Khelil dans la capitale française, on estime que le programme de privatisation du gouvernement algérien est déjà un échec.
Pour les Français, l’Algérie fait également un mauvais usage de son énergie et peine à utiliser cette dernière comme un outil d’influence diplomatique. «Dans ce contexte, le refus d’une alliance entre Gaz de France et Sonatrach était une erreur stratégique. Chakib Khelil n’a aucune vision stratégique. Il se comporte comme un trader qui vient vendre son gaz au plus offrant», analyse un spécialiste des relations bilatérales. «L’Algérie est aujourd’hui le pays de l’OPEP où l’industrie évolue le moins bien. Sans hydrocarbures, on se demande comment ce pays ferait», poursuit le même spécialiste.
Au plan de la coopération militaire, les choses ne vont guère mieux. Les propositions françaises dans les domaines de la formation, de la vente d’équipements et même du transfert de technologies se sont heurtées au silence de la partie algérienne. «Les Algériens n’ont donné aucune réponse : ni positive ni négative aux propositions des Français», explique une source proche du dossier.
Enfin, au plan de la politique intérieure algérienne, les Français évoquent le «désordre institutionnel» qui règne dans le pays. Le retour des attentats de ces dernières semaines est considéré comme «la confirmation de ce « désordre». «Depuis le second mandat de Bouteflika, on a beaucoup de mal à comprendre ce qui se passe à la tête du pouvoir. Qui est influent, qui l’est moins ? Quel est le rôle de l’armée ? Quel est le poids réel de l’exécutif ?», souligne le spécialiste.
Résultat : «faute de perspective claire avec l’Algérie, Sarkozy préfère avancer avec les Marocains. Ils sont plus concrets», conclut notre interlocuteur.