L’identité c'est la culture: littérature, art
Six livres très abordables
Ma mère, l'Algérie, de Jean Pélégri, lie, Alger, 1989, Actes Sud, 1990,
Mentionné et cité. Des pages sur l'enfance, un parcours de vie, la place de l'écriture, des prises de conscience, la beauté de la nature, la connaissance de la culture. Les portraits magnifiques du père et d'une femme.
Une poignée de sable, de Michel Diaz, J-P. Muguet, 2001, 162 p.
Biographie au cours des pensées, le souvenir d'un frère aimé, le Grand Sud algérien médité, et des idées sur la question des communautés dans la république. De magnifiques portraits: le père, l'oncle léttré, qui lit l'arabe littéraire et interprète sourates du Coran avec une maîtrise fascinante, le frère, architecte amoureux des oiseaux, qui meurt, jeune, d'accident ou l'exil.
L’ami algérien, de Salah Guemriche et Tobelem, éd. J.-C. Lattes, 2003.
Une écriture alternée, le temps traversé, après la séparation très longue, un dialogue. On entre dans les émotions et dans l’Histoire : les choses dites simplement, sans recherche de conformité à tel ou tel courant de pensée. Liberté intérieure et fraternité.
Le porteur de cartable, d'Akli Tadjer, éd.Battes, Pocket, 2002.
Deux enfants, mais à Paris. Deux Algéries exilées représentées par les jeunes personnages, Omar Boulawane et Raphaël Sanchez, en 1962. Fracture apparente et
D'autres grands noms dominent ce paysage littéraire...
Emmanuel Roblès
(Les Hauteurs de la ville, Cela s'appelle l'Aurore, Saison violente, Norma ou l'txil infini...). Roblès l'Oignais, le méditerranéen, le voyageur solaire, l'humaniste, construit une œuvre immense de Pied-noir du monde... Car d'autres grands noms dominent ce paysage littéraire. Jules Roy est l'écrivain des bouleversements, des prises de conscience douloureuses et des doutes. L'amour du pays originel est une passion qui nourrit une écriture dont la fresque «Les Chevaux du soleil», commencée en 1968, est un centre. Jean Sénac est le plus grand en poésie. Il a choisi un engagement algérien, et son assassinat n'a toujours pas été élucidé.
Proximité réelle. Le petit algérien en vient, à la fin, à rêver d'utiliser l'argent de la révolution pour rapatrier ces Pieds-Noirs algérois, d'ici à là-bas, dans l'autre sens. Le livre dit fort bien pourquoi.
Quand ils avaient mon âge, Alger 1954-1962, de Gilles Bonotaux et Hélène Lasserre, éd. Autrement jeunesse, 2002.
Entre album pour très jeunes et BD, livre subtil et rigoureux. Enfances dans les déchirures d'une guerre civile. À faire lire, à tous les âges.
La vie éternelle, roman, de Jacques Attali, éd. Fayard, 1989, Livre de Poche 1990.
Apparemment rien à voir, et, en fait, tout. L'auteur considère que c'est un des trois ouvrages où il parle de l'Algérie. Roman philosophique qui permet de penser l'histoire et les drames humains à un autre auteur. On peut passer à côté (on le trouvera alors trop facile). On peut le relire et comprendre alors mieux. La quatrième et couverture donne des pistes...
Un ouvrage référence, le Premier homme, d'Albert Camus,
Manuscrit inachevé à sa mort, en 1960, oublié en 1994 par Gallimard. L'enfance fondatrice de tout un itinéraire intellectuel. Une lecture qui fait entrer dans la maison de quelqu'un du peuple, quelqu'un de pauvre : ce qu'il a connu dans le début de sa vie.
Lire Jean Pélégri, Albert Camus, bien sûr, Marie Cardinal, Emmanuel Roblès, Jules Roy, Jean Sénac, tous les autres écrivains, les poètes. La place manquant, pour les citer tous, commençons par les plus connus... Mais l'écho, la trame, pour comprendre les Pieds-Noirs, quand on ne l'est pas, pour se comprendre mieux, quand on l'est, franchit les rives, réelles et symboliques. Lire Mohamed Dib et les écrivains algériens : même terre, histoire et douleurs traversées en partage, influences réciproques déchiffrées. Lire le Maghreb. Lire Lorca, pour retrouver des sources culturelles, et des clés qui concernent l'identité (même celle de ceux qui n'ont pas d'origines espagnoles. l'Espagne a tant marqué l'Algérie des Pieds-Noirs, et l'Algérie tout court, à travers ses migrations séculaires). Lire, donc, Lorca, et la mémoire d'Espagne, inscrite dans le nom même de la musique : on dit bien « arabo-andalouse », mots qui disent le pays qui aurait pu être (au moins il y a la musique, et la culture est un pays sans frontières qu'on peut toujours réinventer, il n'est jamais trop tard). Ainsi on pourra voir sous un autre angle la théâtralité dont parlent tant de témoignages et le rapport à la mort (qu'Unamuno, philosophe espagnol, rend traduisible en pensée, et qu'intensifient les drames et les ruptures d'avec même ces lieux de mémoire que sont les cimetières mémoire et ritualisation).
A suivre…….
Nota : Ce texte tiré de l’œuvre ci-dessus indiquée est diffusé à des fins de vulgarisation de la culture Pied-Noir.
Que les auteurs en soient remerciés.
Votre serviteur un Pied-Noir d’Hussein-Dey se retrouve dans les propos de ce document.
Le Pèlerin