Présidentielles 2009 - Aït Yahia (Aïn El-Hammam)
L’urne de “pandore”
Aït Yahia, dans la commune de Aïn El-Hammam, à 10h du matin en cette journée pluvieuse d’élection présidentielle. Aucun dispositif sécuritaire particulier n’est à signaler au premier abord. Au siège de l’APC, on ne nous signale aucun incident. La commune compte 10 640 inscrits sur 18 centres de vote pour une population de 14 000 habitants. “Jusqu’à 10h30, nous avons enregistré 422 votants, soit 0,04%”, dira le P/APC de cette localité. Un taux justifié par “un partisan de Bouteflika” par le fait que le citoyen a perdu confiance. À 12h, à Tagunits, une fraction de neuf villages, le taux de participation avait atteint 0,05%, soit 70 votants sur les 1 302. À Aït Hichem, nous avons croisé des votants. Des gens âgés, notamment des vieilles femmes et quelques jeunes. Pour un jeune de la localité que nous avons interrogé, “j’ai voté dans l’espoir d’avoir un emploi”, dira-t-il. Au chef-lieu de la commune, des jeunes attablés dans un café livrent leurs avis. Ces derniers semblent afficher un désaccord et même une rupture avec la pratique électorale. “Nous, on ne vote pas. Ce n’est pas parce qu’il fait mauvais temps, mais regardez le prix de la pomme de terre, de la sardine, des œufs… Ceux qui vont voter, ce sont ceux qui partagent des intérêts avec ce pouvoir, des gens manipulés, des vieux aussi qui ont fait de l’acte de vote une habitude insignifiante. On se demande comment, après dix ans, nos responsables promettent 3 millions d’emplois. Dix ans de promesses et cinq ans pour agir”, renchérit un autre jeune homme. Il suffit juste de poser une question pour voir ces jeunes verser dans la revendication. “Cela fait 20 ans que l’on dénonce ce pouvoir assassin. On nous appelle à reconduire des criminels dans une fonction d’État qu’ils ont maintes dévoyée. Ce n’est pas aujourd’hui que l’on va aller voter.” Un jeune étudiant s’appuie nettement sur le concept de contrat social. “Ces gens ne nous respectent pas. Ils ne respectent rien. Ils n’aiment pas leur pays. Aucune promesse tenue ? Qu’ont-ils fait pour les jeunes générations ? Quel avenir peut-on attendre de ces prédateurs ?” Les regards contiennent difficilement l’amertume qui habite ces jeunes gens. “Ils ont fait de la wilaya de Tizi Ouzou, de la Kabylie en général, une région instable et improductive. Ils font fuir les investisseurs, réduisent les subventions et ne se rappellent notre existence qu’au moment des élections. Nous les jeunes d’Aït Yahia, nous sommes obligés d’aller loin pour travailler. Chez nous, il n’y a rien ; aucune entreprise pouvant nous accueillir, même avec nos diplômes”, dira un jeune chômeur l’air désabusé.
Source Liberté
Le Pèlerin