Un projet de loi pour les protéger
La violence contre les femmes. Voilà une question récurrente qui soulève tant de débats et de passions au sein de la société civile algérienne, à plus forte raison lorsqu’il s’agit des associations féminines.
La violence contre les femmes. Voilà une question récurrente qui soulève tant de débats et de passions au sein de la société civile algérienne, à plus forte raison lorsqu’il s’agit des associations féminines. C’est le cas du Réseau Wassila/Avife et de l’association Femmes en communication (FEC) qui ont remis au goût du jour cette problématique à l’occasion d’une rencontre organisée, hier, à la maison de la Presse Tahar-Djaout (Alger), et axée essentiellement sur le rôle joué par les médias dans la violence contre les femmes.
Le constat du collectif des associations est sans appel. Les femmes subissent trop de violence en Algérie, et ce ne sont sans doute pas les statistiques des services de sécurité qui diront le contraire. «Lors des dix premiers mois de l’année 2012, la Sûreté nationale a enregistré plus de 7.420 affaires de femmes violentées, dont 4.116 sont mariées. Les chiffres de la police indiquent que la quasi-majorité des cas de violence a eu lieu dans les foyers et relèvent que 99% des auteurs de cette violence sont l’œuvre des proches des victimes, qu’ils soient époux, fiancés, pères ou frères», a confié la présidente du Réseau Wassila/Avife qui souligne que ces statistiques ne prennent pas en considération les cas qui n’ont pas fait l’objet de dépôts de plainte.
«Et naturellement, le nombre des victimes est certainement plus important», a assuré Louisa Aït Hamou qui qualifie au passage le rapport de la police «d’accablant» et «d’effrayant».
C’est cette situation des plus dramatiques et pour dire «stop à cette brutalité» qui ont poussé le collectif des associations féminines à proposer une loi sur la violence contre les femmes, dont la mouture est désormais sur la table du bureau de l’Assemblée populaire nationale. «Nous espérons que le projet de loi sera débattu dès la prochaine session», a-t-elle souhaité, assurant que les associations en question comptent sur l’apport des médias pour faire changer les choses. Prenant la parole, la sociologue Dalila Yamarene Djerbal pense qu’on ne voit pas, ou peu, de femmes dans la presse, et considère qu’il est vital d’évoquer leur combat au quotidien au lieu de ces «clichés stéréotypes» qui ternissent l’image de la femme. «Force est de constater qu’il existe malheureusement des dérapages à ce sujet dans la presse», a-elle-lâché avec amertume, invitant à ce propos les journalistes à rapporter intelligemment tout ce qui a trait à la femme pour qu’il y ait des incidences et autres contrecoups positifs.
«Ce n’est pas le combat des femmes seulement, car les hommes qui se reconnaissent dans notre ligne peuvent nous être d’une assistance précieuse, d’où l’intérêt de faire sortir le débat du seul cadre de la femme», a soutenu de son côté la sociologue Fatma Oussedik qui regrette la «banalisation» de la violence contre les femmes par de simples caricatures journalistiques. «Il est grand temps de débusquer ceux qui minimisent cette brutalité et qui ne lui donnent pas toute son importance», a-t-elle plaidé, non sans rappeler que les médias via ses représentants se permettent d’entrer dans «l’intimité» des victimes. «Ce sont, après tout, les femmes qui sont les victimes, pas les agresseurs, comme on veut nous le faire croire par ce dangereux glissement qui s’opère dans la société», a conclut Fatma Oussedik.
Source Elmoudjahid SAM
Le Pèlerin