Abruzzes - Italie : ils ont vécu le séisme
Dans la nuit du dimanche 5 au lundi 6 avril, la terre a tremblé en Italie. Un séisme d'une magnitude de 6,3 sur l'échelle de Richter a frappé L'Aquila, une ville de 68 000 habitants dans la région montagneuse des Abruzzes sur la côte adriatique, à l'Est de la botte italienne.
Plus de 150 morts, 1.500 blessés et 50.000 sans-abri et des dégâts considérables...
Le centre de l'Italie a été frappé lundi par un violent tremblement de terre, le pire dans la Péninsule depuis plus de dix ans, qui a fait au moins 150 morts, 1.500 blessés, et 50.000 sans-abri, selon le dernier bilan provisoire.
Des sources hospitalières ont fait état de plus de 150 morts dont 98 identifiés lundi soir, selon les services de secours, cités par l'agence de presse Ansa.
Plus de cent personnes ont été sorties vivantes des décombres au cours de la journée, selon un nouveau bilan des pompiers.
Le nombre de sans-abri pourrait atteindre 70.000, selon une source gouvernementale.
L'Aquila, 60.000 habitants, capitale de la province montagneuse des Abruzzes (à environ 100 km au nord-est de Rome) a été dévastée ainsi que plusieurs bourgs environnants par la secousse qui a frappé la région à 03h30 (01h30 GMT) du matin.
"C'était l'apocalypse, vingt secondes d'enfer, c'était très long. Ma maison est détruite", a raconté une habitante, Maria Francesco.
Le chef du gouvernement Silvio Berlusconi, qui a décrété l'état d'urgence, s'est rendu sur place, promettant aux rescapés que "personne ne serait abandonné" et l'installation avant la nuit d'un village de tentes pouvant abriter de 16.000 à 20.000 personnes. Il a annoncé qu'il se rendrait de nouveau sur place mardi.
Lundi soir, un étrange silence planait sur L'Aquila qui avait l'allure d'une ville fantôme, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Une partie des habitants sont partis de leur propre gré, et d'autres y ont été incités par les autorités car de nombreux édifices sont devenus dangereux (...) la majorité du centre historique est à présent vide de ses habitants", a expliqué à l'AFP un responsable de la sécurité civile.
Beaucoup d'habitants de cette cité médiévale du XIIIe siècle, bourgeoise et commerçante, avaient commencé à quitter les lieux dès le début de la matinée par peur des répliques. Une valise à la main, une couverture sur les épaules.
La protection civile décompte plus de dix mille maisons et édifices endommagés dans la région par cette secousse d'une magnitude du moment de 6,2 et dont l'hypocentre se situait sous la ville.
Dans le centre historique, pas une rue n'a été épargnée, des tas de pierres, de tuiles et de gravats jonchent le sol. Dans cette zone riche en monuments baroques, plusieurs églises et un château du XVe siècle ont été endommagés. Un hôpital a dû être en partie évacué car il menaçait de s'effondrer. Les blessés les plus graves ont été évacués vers les hôpitaux les plus proches.
Des équipes de sauveteurs avec des chiens et des engins lourds se sont aussitôt mis au travail pour tenter de retrouver des survivants, tandis qu'un orage s'est abattu dans la région en soirée, compliquant les opérations de secours.
Le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni, qui a annoncé l'arrivée de 1.700 hommes en renfort, dont 1.500 pompiers, a affirmé à la télévision que les recherches se "poursuivraient jour et nuit".
Les images en boucle des télévisions montrent des toits effondrés, des routes jonchées de pierres tombées de la montagne.
De nombreuses voitures sont écrasées par des moellons ou des corniches, un clocher s'est écroulé et la coupole d'une église s'est effondrée, laissant des fresques à l'air libre.
Une dizaine de casernes, stades ou gymnases ont été aménagés en centres d'accueil pour les habitants alors que la température chutait à 4° dans la soirée.
Trente millions d'euros ont été débloqués d'urgence, a annoncé M. Berlusconi à l'issue d'un conseil des ministres extraordinaire. Selon une première estimation du ministre des Infrastructures Altero Matteoli, des fonds d'1,3 milliard d'euros seront nécessaires pour la reconstruction des bâtiments et des maisons privées.
M. Berlusconi a précisé que "35 pays au total" avaient offert leur aide à l'Italie mais que "dans l'immédiat", celle-ci n'était "pas nécessaire".
Le pape Benoît XVI prie "pour les victimes, en particulier pour les enfants" décédés, a indiqué le Vatican.
Alors que le bilan ne cesse de s'alourdir après le séisme qui a frappé le centre de l'Italie, des habitants, encore sous le choc, témoignent.
« J'étais au lit et je me suis retrouvée par terre »
Angela, qui vit à Capistrello dans les Abruzzes, à moins d'une heure de L'Aquila, a ressenti le tremblement de terre : « j'étais au lit, seule ; la première secousse a eu lieu à 3h30 et je me suis retrouvée par terre, tout bougeait dans ma chambre. J'entendais des gens en bas mais moi je ne suis pas descendue et j'ai bien fait car avec la deuxième secousse, je risquais de tomber dans les escaliers. J'ai une voisine qui travaille à L'Aquila et qui y est allée ce matin... Elle m'a dit que c'est catastrophique là-bas ; il y a déjà plus de 30 morts ; une belle église du 17ème siècle s'est écroulée... Même dans mon village, quelques vieilles maisons sont tombées. Heureusement, il n'y a pas eu de mort à Capistrello mais la peur est là... »
« Je suis bloquée, je ne peux pas rentrer chez moi »
Natalia-Maria Coppa, consule française qui habite les Abruzzes, est en ce moment à Rome, qui est à environ 80 kilomètres de l'épicentre : « on ne peut pas traverser l'Autostrada et moi je suis bloquée, je ne peux pas rentrer chez moi. Je suis les nouvelles à la télévision et je parle régulièrement avec quelqu'un là-bas qui me dit "on est en train de travailler beaucoup pour voir s'il y a des gens encore sous les bâtiments qui sont tombés", comme l'église principale de L'Aquila et une partie de la préfecture. »
« Des séismes réguliers dans cette région »
Christiane Nicoli, analyste sismologue auprès du Réseau national de surveillance sismique, rappelle que « l'Italie est une région sismique, et en particulier la région montagneuse des Abruzzes où la chaîne des Apennins travaille. Il y a régulièrement des séismes dans cette région, ajoute-t-elle, mais celui-ci est relativement élevé avec plus de 6 de magnitude ; cela fait donc partie de ce qu'on appelle les séismes destructeurs. Depuis cet événement, il y a plein de répliques, plus faibles mais qui se font sentir. Les plus grosses secousses ayant l'air d'avoir eu lieu, on peut penser que ça va se calmer dans les heures à venir. »
Source RMC.fr/MSN
Le Pèlerin