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  • : Algérie Pyrénées - de Toulouse à Tamanrasset
  • : L'Algérie où je suis né, le jour du débarquement des Américains, le 8 novembre 1942, je ne l'oublierai jamais. J'ai quitté ce pays en 1962 pour n'y retourner que 42 ans plus tard. Midi-Pyrénées m'a accueilli; j'ai mis du temps pour m'en imprégner...mais j'adore
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De Toulouse à Tamanrasset

 

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Le cirque de Gavarnie

L'Algérie, j'y suis né le jour du débarquement des Américains, le 8 novembre 1942. J'ai quitté ce pays merveilleux en 1962, pour n'y retourner qu'en août 2004, soit 42 ans plus tard...
Midi-Pyrénées m'a accueilli. J'ai mis du temps pour m'imprégner de Toulouse mais j'ai de suite été charmé par ce massif montagneux et ses rivières vagabondes que je parcours avec amour...Ah ces chères Pyrénées, que je m'y trouve bien ...! Vous y trouverez de nombreux articles dédiés à cette magnifique région et la capitale de Midi Pyrénées : Toulouse
L'Algérie, j'y suis revenu dix fois depuis; j'ai apprécié la chaleur de l'accueil, un accueil inégalé de par le monde.......L'espérance d'abord ...Une relative désillusion ensuite...Pourquoi alors que le pays a un potentiel énorme...Les gens sont perdus et ne savent pus que faire....Les jeunes n'en parlons pas, ils ne trouvent leur salut que dans la fuite....Est-il bon de dénoncer cela? Ce n'est pas en se taisant que les choses avanceront.
Il y a un décalage énorme entre la pensée du peuple et des amis que je rencontre régulièrement et les propos tenus dans les divers forums qui reprennent généralement les milieux lobbyistes relayant les consignes gouvernementales...
Les piliers de l'Algérie, à savoir, armée, religion et tenants du pouvoir sont un frein au développement de l'Algérie ....Le Pays est en veilleuse....Les gens reçoivent des ….sucettes...Juste le nécessaire... pour que ....rien nez bouge....
Pourtant des individus valeureux il y en a ....Mais pourquoi garder des élites qui pourraient remettre en cause une situation permettant aux tenants des institutions de profiter des immenses ressources de l'Algérie. Le peuple devenu passif n'a plus qu'un seul espoir : Dieu envers qui il se retourne de plus en plus...Dieu et la famille, cette famille qui revêt une importance capitale en Algérie.

Le vent de la réforme n'est pas passé en Algérie tant les citoyens sont sclérosés dans les habitudes et les traditions relevant des siècles passés....La réforme voire la révolution passera....à l'heure d'Internet, on ne peut bâillonner le peuple indéfiniment...Cela prendra du temps mais cela se ferra...
Pour le moment le tiens à saluer tous les amis que j'ai en Algérie et Dieu sait que j'en ai....C'est pour eux que j'écris ces blogs, quand bien même je choisis souvent mes articles dans la presse algérienne....pour ne pas froisser la susceptibilité à fleur de peau de l'Algérien...

Cordialement,
Le Pèlerin

 

 

 

 

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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 00:18

Algérie - Socialisme et étatisme : des idées naïves et dangereuses (2e partie et fin)

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APN Alger

 

Les bases théoriques du fonctionnement du marché
Dans une société complexe, comme l’est devenue l’Algérie, la théorie moderne contractualiste explique les comportements. Cette théorie part du principe que l’individu est : (1) autonome, c'est-à-dire qu’il n’est ni programmé ni contraint pour agir, mais mû par des désirs, des besoins, une utilité, plutôt que par l’appartenance à un groupe économique, social ou religieux ; (2) il est rationnel.
Cette hypothèse s’oppose aux modes archaïques de rationalisation : code de l’honneur, devoir aristocratique, élitisme racial, etc., et affirme une capacité uniforme de penser, de calculer et de décider ; (3) l’individu est informé. En laissant faire des acteurs autonomes, rationnels et informés, la meilleure coordination possible est assurée par le marché. Cependant, comment cela se fait-il ? Cela est expliqué par trois constructions conceptuelles qui constituent la théorie contractualiste : la théorie des droits de propriété, la théorie des coûts de transaction et la théorie de l’agence.
Les limites de l’autonomie : les droits de propriété
Pour donner corps à l’axiome d’autonomie, il fallait trouver un mécanisme qui permette de sauvegarder la liberté, à l’origine d’une «dynamique économique favorable à tous», tout en se protégeant des excès, notamment du gaspillage, que pourraient générer des désirs individuels débridés. C’est ce que permettent les droits de propriété. Quand on parle de propriété, on parle d’abord de ce qui nous appartient en général, propertyen anglais, ou des biens spécifiques sur lesquels on a un droit reconnu, ownershipen anglais. Pour les êtres humains, le droit de propriété, property right, comprend «leurs vies, leurs libertés, leurs biens». Le droit de propriété est essentiel parce qu’il permet de contraindre les désirs de chacun à ce qui lui appartient en propre. Il est le fondement de l’accord social et, par extension, des comportements «civilisés ». En fait, c’est seulement à partir de la deuxième moitié du XXe siècle que les droits de propriété sont conçus comme outil d’analyse. C’est, semble-t-il, à l’université de Chicago que le mouvement est lancé. Les grandes contributions académiques, notamment celle du prix Nobel Coase, suivent dans les années 1960 et 1970. Sous l’impulsion du conservatisme thatcherien et reaganien, l’Europe suit un peu plus tard. Les droits de propriété, qui situent l’individu dans l’espace, ont trois attributs essentiels : I/ ils sont subjectifs : «Seule une personne peut se voir investir du droit sacré à la pleine propriété» (Lepage, 1985) ; II/ ils sont exclusifs : deux individus ne peuvent posséder simultanément un même bien ; III/ ils sont librement cessibles. Depuis le droit romain, on considère que la propriété est un droit à l’utilisation du bien possédé (usus), un droit de bénéficier des fruits qu’il peut générer (fructus) et le droit de le transmettre à d’autres, de le vendre et de le détruire (abusus). Les droits de propriété obéissent à une logique de marché et sont régulés par elle. Bien entendu, il faut une bonne définition de ces droits, avec un rôle essentiel pour l’État. Les droits de propriété sont alors des régulateurs fondamentaux du fonctionnement du marché. Les droits de propriété permettent le fonctionnement du marché. Mais parfois le marché est moins bon qu’une organisation. Quelles sont ces situations ? C’est ce que la théorie des coûts de transaction permet d’appréhender.
La théorie des coûts de transaction : prendre en compte le temps des échanges
Comme les échanges ne sont pas «instantanés», le marché ne peut pas réguler toute l’activité économique. Il nous faut alors parler plutôt de transactions. «Les coûts de transactions posent le problème de l’organisation économique comme un problème de contractualisation.» (Williamson, 1994 : 39). Les organisations qui peuvent alors se substituer au marché, comme l’a montré Coase, apparaissent comme des nœuds de contrats. Les droits de propriété adoucissent un peu l’hypothèse d’autonomie des individus. La théorie des coûts de transaction est basée sur un relâchement de la théorie de la rationalité, remplacée par la rationalité limitée de H. Simon. A cause de la durée des échanges, l’ambition cognitive des décideurs est forcément réduite. Ils ne peuvent prendre en compte tout ce qui peut se passer dans le futur et ils sont obligés de se satisfaire de solutions approximatives. A cause de cette imperfection dans le traitement de l’information, provoquée par la durée des échanges, il peut y avoir «opportunisme » de la part des acteurs dans le processus de décision. Opportunisme signifie : «une recherche d’intérêt personnel qui comporte la notion de tromperie» (Williamson, 1994 : 70). Ainsi, la théorie des coûts de transaction introduit le soupçon comme un des moteurs de l’économie. Elle amène aussi à un relâchement de l’axiomatique traditionnelle. Le temps des transactions introduit à la fois des incertitudes et des irréversibilités. Les coûts de transaction fournissent ainsi un outil d’analyse pour prédire les institutions les moins coûteuses (en coûts de transaction), compte tenu des caractéristiques des actifs et de la nature de l’environnement. A titre d’exemple, l’étude contractualiste, basée sur les coûts de transaction, explique les choix qui peuvent être faits entre faire soi-même, sous-traiter ou acheter sur le marché. L’analyse des firmes devient normative. La théorie des droits de propriété montre que la forme de propriété idéale et la plus efficace est la propriété privée. L’entreprise s’explique par la rémunération du propriétaire, de façon à ce qu’il soit tenté d’organiser efficacement la production. La séparation de la propriété et de la gestion s’explique par les coûts de transaction. «La capacité de gestion nécessite une accumulation d’expérience, de savoir-faire ou de connaissance… un actif spécifique que l’on peut acheter sur le marché… le propriétaire a intérêt à faire faire lorsque la complexité de l’activité, les techniques nécessaires à la gestion deviennent si spécifiques qu’il lui serait trop coûteux de les pratiquer lui-même. Il est plus efficace de se lier contractuellement à des salariés spécialistes qui gèrent au nom du propriétaire. Celui-ci minimise alors ses coûts en ne contrôlant que les résultats présentés par les gestionnaires. » (Gomez, 1996 : 97). Les conséquences de cette séparation, nous amènent à la théorie de l'agence.
Contrôle et transparence : la théorie de l’agence
«On dira qu’une relation d’agence s’est créée entre deux ou plusieurs parties lorsqu’une de ces parties, désignée comme l’agent, agit comme représentant de l’autre, désignée comme le principal, dans un domaine décisionnel particulier» (Ross, 1973 : 134). Selon Jensen et Meckling (1976 : 308), les premiers théoriciens sur ce sujet, peu importe qui est agent ou principal, la relation est consécutive à tout contrat. Chaque acteur peut être à la fois agent et principal. Au cœur de la relation d’agence, se trouvent les questions d’opportunisme. L’opportunisme est rendu possible du fait de l’asymétrie d’information, avec donc possibilité d’information cachée ( adverse selection) et de risque caché ( moral hazard). Comme on n’est jamais sûr que le mandataire va gérer le bien du mandant au mieux des intérêts de ce dernier, il faut mettre en place un système de contrôle. L’agent calcule en fonction de ses intérêts, et le problème du principal est de construire autour de lui un contexte qui lui permet de préserver ses intérêts tout en travaillant au mieux dans l’intérêt du principal. L’entreprise est par nature un nœud de contrats entre un grand nombre d’associés ( stakeholders), notamment les salariés, les dirigeants, les propriétaires, les prêteurs, les clients, les fournisseurs, les communautés et l’Etat. Elle est alors potentiellement un foyer très actif d’opportunisme. En particulier, on peut assister à des divergences entre propriétaires et gestionnaires et à des divergences entre gestionnaires. Pour coordonner les intérêts, et donc pour contraindre l’opportunisme, on peut utiliser le marché comme moyen de révélation de l’information ou utiliser un mécanisme ad hoc, comme le conseil d’administration. Il en résulte alors des coûts d’agence qui peuvent être résumés comme suit : i. des coûts de surveillance ( monitoring expenditures), supportés par le principal, pour la gestion de l’information, la surveillance et l’incitation pour la bonne exécution du contrat ; ii. des coûts d’obligation ( bonding expenditures), supportés par l’agent pour signaler la bonne exécution du contrat. Ceci n’exclut pas l’opportunisme mais le contraint ; iii. la perte résiduelle ( residual loss), constituée par ce qu’aurait gagné chaque partie à ne pas contracter avec l’autre. Pour les réduire, on met en place des mécanismes de gouvernement de l’entreprise dont l’instrument principal est le conseil d’administration. Comme l’entreprise est un nœud de contrats entre des multitudes d’associés (propriétaires, gestionnaires, employés, fournisseurs, la communauté environnante, etc.) la constitution du CA est un acte d’équilibre politique important. Nous pouvons ainsi voir après ce tour d’horizon théorique que les hypothèses qui sont faites par les théoriciens du socialisme ne tiennent pas à l’observation des faits. Le marché est un outil imparfait pour coordonner les activités économiques dans une société, mais nous ne connaissons pas de mécanisme capable de coordonner mieux les activités complexes qui résultent du développement des sociétés modernes. Si on ajoute l’étatisme au socialisme, on ajoute à des hypothèses de comportement une hypothèse de fonctionnement qui a été discréditée depuis longtemps. On ne peut pas gérer la société de manière centralisée. La France est un cas particulier, d’abord parce qu’en apparence, elle a fonctionné de manière centralisée depuis environ 6 siècles et ensuite parce qu’elle sert de modèle implicite à nos dirigeants. Je vais donc lui consacrer une petite section avant de revenir à notre propos central du mode de fonctionnement le plus approprié pour l’économie algérienne.
La France : un cas particulier
Au plan organisationnel, la France a été depuis Louis XI, au XVe siècle, un pays centralisé. Pourtant, contrairement aux prévisions des experts, la France a été relativement innovatrice et elle a été capable de s’adapter aux grands changements qu’a connus le monde, surtout depuis la révolution industrielle en Angleterre. Les chercheurs se sont alors demandés : comment un pays aussi rigide, en apparence, a-t-il pu maintenir son statut face aux pays anglo-saxons beaucoup plus flexibles et plus capables de fonctionner en situation de complexité ? L’explication a été donnée en bonne partie par un sociologue français, Michel Crozier, dans son livre Le phénomène bureaucratique. D’abord, Crozier s’appuyait sur les travaux de l’historien des affaires A. D. Chandler sur le cycle de vie des organisations. Chandler avait révélé que dans leur évolution les organisations étaient obligées d’adapter leur structure lorsque leur stratégie changeait. Ainsi, la structure fonctionnelle centralisée, celle qu’ont adoptée les administrations françaises, correspond bien à la période de recherche de l’efficience. Elle est compatible avec la standardisation et la production de masse. Lorsqu’on évolue ensuite vers la diversification, il faut passer à une structure divisionnaire décentralisée. En étudiant quelques administrations françaises, Crozier découvre une différence culturelle importante dans le fonctionnement des organisations. En particulier, la structure fonctionnelle à la française (qui caractérise le secteur public français) ne fonctionne pas comme la structure fonctionnelle nord-américaine. Ainsi, en Amérique du Nord, lorsqu’on a une règle on l’applique. Si elle n’est plus bonne, on la change. En France, on n’applique jamais complètement la règle. Elle est plutôt utilisée par le chef comme menace pour obtenir le comportement souhaité : «Si tu ne te comportes pas comme je te le demande, je t’applique la règle !» Ainsi donc, l’application de la règle est constamment négociée. Crozier était un peu irrité par le fait que les Français n’appliquaient même pas leurs règles. Il fut alors très critique du système français. En fait, c’est cette caractéristique-là qui a fait que la France a été en mesure de s’adapter. Comme l’application des règles est négociable, cela donne des forums de débat sur l’application de la règle et permet de la flexibilité là où on ne s’y attend pas. Par exemple, il arrive souvent que les camionneurs bloquent toute la France. Ils se mettent en situation hors la loi. Normalement, s’ils étaient en Amérique du Nord, ils seraient jugés pour cela. En France, lorsque le problème est réglé, souvent on accepte de passer l’éponge sur le non-respect de la loi. Ceci se passe dans tous les secteurs de la vie française. Les Français et leurs autorités ont appris, pendant presque 6 siècles, à faire fonctionner la structure centralisée de manière flexible ! Leur système est unique et il est souvent mal compris par les élites françaises elles-mêmes. C’est pour cela que certains tentent d’amener le système français vers le système américain qui leur paraît plus clair. Le président Sarkozy est de ceux-là. Plus important pour un pays comme l’Algérie, les Français n’ont jamais été capables d’expliquer aux Algériens leur système. Ils insistaient plutôt sur les aspects symboliques, sur l’importance du respect de la loi, etc. Les autorités algériennes ont été ainsi piégées au lendemain de l’indépendance. Elles essayaient d’appliquer des lois souvent inapplicables en prenant exemple sur la France : «Pourquoi ne sommes-nous pas en mesure d’appliquer nos règles comme le font les Français ?» et ils en faisaient souvent une question de fierté nationale. A mon avis, cela a accentué les tensions et, plus tard, la rupture entre la population et ses élites politiques. Ainsi donc, la France est centralisée, mais son système fonctionne comme un système décentralisé. Tous les pays occidentaux sont des systèmes décentralisés dans les faits. Dans un autre travail, avec un autre collègue nous avons aussi démontré que le système chinois est aussi un système décentralisé, même si pour certains aspects et dans certaines circonstances (e.g., crise du SRAS ou tremblement de terre du Sichuan), il devient momentanément centralisé. Les systèmes qui marchent en situation de complexité doivent être décentralisés dans les faits.
Que nous apprennent ces considérations sur le socialisme et l’étatisme comme modèles de fonctionnement national ?
Le socialisme est un modèle de société qui met l’accent sur la justice sociale et la solidarité du groupe. C’est un modèle qui, de mon point de vue, est compatible avec toutes les croyances religieuses. Je propose que cela soit même une dérivée de ces croyances. Nous avons tous besoin de croire en un monde de justice sociale et de solidarité. Donc le socialisme est un idéal acceptable. L’étatisme est la croyance que la meilleure gestion des affaires d’une société, d’une communauté, est une gestion centralisée. Nous avons argumenté dans ce texte que ceci est vrai seulement lorsque l’organisation, la société, est simple. Lorsque la complexité augmente, comme dans le cas des nations modernes, disons l’Algérie, l’étatisme est une erreur scientifique. On ne peut pas gérer des systèmes complexes de manière centralisée. Lorsque le socialisme est associé l’étatisme, on assiste au pire. En effet, les autorités utilisent le discours socialiste pour obtenir l’accord des populations. Ils utilisent ensuite l’étatisme, généralement par peur de perdre le pouvoir, pour freiner les initiatives et finissent par faire reculer la société. Il en résulte des systèmes qui ne marchent pas. C’est à mon avis à cela que des gens généreux comme Belaïd Abdesslam ont été confrontés. Dans le livre remarquable de précision que Belaïd Abdesslam a posté sur son site Internet, il décrit de manière rageuse les approches qu’il préconisées et les compare constamment au libéralisme débridé et incompétent qui a suivi. Il compare ainsi la situation des années 1970, l’une des «meilleures» que l’Algérie ait connues, avec la situation des périodes qui ont suivi jusqu’en 1993, qui fut marquée par un déclin spectaculaire du prix du pétrole, un service de la dette insupportable pour l’Algérie et le déclenchement de la violence islamiste. Cette comparaison est bien entendu favorable. Elle l’est parce que la période Boumediene a été l’une des plus cohérentes de l’Algérie indépendante. Le pouvoir était fort et Boumediene avait réussi à imposer une direction claire, même si discutable. La comparaison est aussi favorable parce que la période des violences a complètement déboussolé les dirigeants, accentué la corruption et détaché la population des politiciens. La comparaison que B. Abdesslam fait ne compare cependant pas les choix économiques de la période Abdesslam avec leurs alternatives. Elle ne compare pas le socialisme-étatisme avec le fonctionnement du marché, parce que le marché n’a jamais vraiment fonctionné sans intervention intempestive, B. Abdesslam lui-même, en revenant comme Premier ministre, en 1992- 1993, est intervenu régulièrement pour empêcher le marché de fonctionner. Les descriptions de B. Abdesslam ne comparent pas non plus l’étatisme, dont il a été le champion, avec la décentralisation et le libre marché, parce qu’à aucun moment l’Algérie n’a été décentralisée. En fait, il compare une situation un peu plus cohérente, du socialisme-étatisme autoritaire, avec une situation incohérente, que je ne suis même pas capable de qualifier, où les différents présidents et Premiers ministres allaient à contresens l’un de l’autre, se contredisaient en permanence. Même lorsqu’ils faisaient des choses intéressantes, celles-ci étaient remises en cause l’instant d’après. La situation qu’Abdesslam rejette, c’est bien entendu celle que rejettent tous les Algériens de bon sens. C’est la situation du chaos et de la gabegie. C’est cette situation qui a préparé le lit de la violence islamiste. Ce que Abdesslam ne dit pas, c’est que la période du socialisme-étatisme a aussi été une période de grande inefficacité, cachée par les prix du pétrole. Cette inefficacité a généré la corruption et la gabegie qui ont suivi. Moi ou d’autres pourront, je l’espère, le montrer dans d’autres articles. B. Abdesslam, dans son livre, défend sa démarche contre les évaluations qu’en a faites «le pouvoir de l’ombre» qu’il assimile à l’armée. Il a en particulier choisi de confronter le général Touati, que je connais à peine mais qui est présenté comme «le penseur du pouvoir obscur qui se superpose aux lois et règlements». La théorie du général Touati n’est cependant jamais présentée et je ne sais pas si elle existe. Elle semble avoir été simplement exprimée comme le rejet de la démarche de la période Boumediene. Dans ce livre, B. Abdesslam apparaît comme le vainqueur de l’argument contre Touati. Patriote respectable et respecté, Abdesslam confond cependant le lecteur en suggérant que le socialisme-étatisme est meilleur que le marché libre. Il mélange le langage économique avec l’appel aux sentiments patriotiques. La violence de son verbe est telle qu’il considère toute alternative comme une trahison envers le serment des martyrs. B. Abdesslam est un patriote mais il se trompe. Le serment que les martyrs ont fait était celui de libérer l’Algérie et redonner la liberté aux Algériens de penser et de conduire leur destin. Au moment où le serment a été fait, tous les Algériens ou presque étaient pauvres. Ils étaient écrasés par le colonialisme. Les libérer, c’était leur donner la chance de s’exprimer et de montrer leur valeur. Les martyrs ne seraient sûrement pas d’accord avec le centralisme étatique qui a empêché l’Algérie de s’adapter. Aujourd’hui que nous avons retrouvé la liberté comme pays, il nous faut trouver le chemin de la connaissance et de la raison pour donner la liberté au citoyen. Seule une meilleure utilisation de la connaissance et de la raison nous permettront de sortir de l’ornière et d’être alors fidèles au serment des martyrs. J’ai suggéré tout au long de ce texte que la connaissance est maintenant claire sur ce qui doit être fait en Algérie. La connaissance qui nous a toujours éludés est celle du fonctionnement organisationnel. Au plan économique, les grands dirigeants de l’Algérie et leurs conseillers se sont régulièrement battus pour défendre une option ou une autre. Ils se sont régulièrement accusés de trahison, alors que le problème était ailleurs. Le problème n’est pas dans le choix de politiques économiques. Il est dans leur mise en application. Toutes les théories que j’ai évoquées suggèrent que c’est la mise en application qui fait la différence. Si les Algériens manquent de réalisme, ils continueront à se battre sur des objets secondaires en laissant de côté ce qui est essentiel, la construction de mécanismes qui permettent aux idées de se réaliser. Le plus important de ces mécanismes est le marché. Le deuxième plus important est l’existence de lois claires pour réguler le marché et pour protéger la société et le citoyen des abus inévitables que génère la liberté des acteurs. Le troisième plus important est de créer un appareil étatique qui respecte le citoyen et l’aide à se prendre en charge et à créer de la richesse. Le quatrième plus important est la lutte contre les maladies sociales qui, comme la corruption, sont capables de détruire la capacité d’une société à se construire. Le cinquième plus important est la protection de la paix sociale. Le sixième plus important est de travailler à maintenir l’équilibre entre les différentes composantes sociales, régionales et économiques du pays. Ceci s’obtient notamment en se mettant du côté du plus faible ou du plus défavorisé pour l’aider à se rattraper. Le septième plus important est de constamment travailler à faire gagner le bon sens et la raison sur la passion et l’émotion. La connaissance est maintenant disponible et doit être utilisée pour faire tout cela. Pourtant, au lieu de cela, la théorie de B. Abdesslam revient à l’ordre du jour. Un pouvoir désemparé, qui a du mal à comprendre la crise que le monde vient de subir lui redonne plus d’importance et il n’est pas rare aujourd’hui d’entendre ceux qui le conseillent suggérer que le socialisme et l’étatisme ont été positifs. Ils reviennent donc à la théorie de B. Abdesslam. Pour ma part, je crois que s’ils le faisaient ce serait l’une des erreurs les plus graves. Ce serait vraiment refaire la même erreur deux fois. Dieu nous en préserve ! J’argumente que notre chemin sera meilleur par une liberté plus grande des citoyens et par une participation plus grande de ceux-ci aux décisions économiques. Le chemin vers cette participation n’est pas celui des forums politiques, mais celui du marché. Chaque Algérien doit être encouragé à exprimer son choix politique en s’enrichissant et en enrichissant sa région, tout en respectant la loi. La loi doit valoriser la morale, la solidarité, le bon fonctionnement du marché et veiller à protéger les plus vulnérables d’entre nous. Nous n’avons besoin du gouvernement que pour faire de bonnes lois. Pour tout le reste, il vaut mieux qu’il ne se mette pas sur le chemin des milliers d’entrepreneurs qui vont faire l’Algérie de demain. En s’enlevant du chemin, il deviendra plus fort, parce qu’il ne monopolisera pas les moyens d’enrichissement mais ouvrira le chemin aux actions entrepreneuriales légitimes. Tous ces entrepreneurs travailleront alors à le consolider puisqu’il leur permettra de s’exprimer. J’ai étudié récemment les contributions des quelques entrepreneurs qui sont arrivés à survivre malgré les freins et les herses bureaucratiques que l’État a mis sur leurs chemins. J’ai été impressionné par leur créativité. J’ai été impressionné par leur patriotisme. J’ai été impressionné par l’importance de la contribution qu’ils apportent au budget de l’État. A titre d’exemples, les dix entrepreneurs que j’ai étudiés ont créé des dizaines de milliers d’emplois, ils payent presque 60% de toutes les richesses qu’ils créent en impôts et taxes et réinvestissent l’essentiel, du reste. Ils arrivent à faire ce que l’État luimême, par le biais de ses grandes entreprises publiques, n’est pas capable de faire. Si l’État décidait d’aider ces entrepreneurs, en leur facilitant la tâche et en veillant à ce que les lois de protection du citoyen et des communautés soient claires, il multiplierait leurs contributions à des niveaux inimaginables. Je suis prêt à parier que l’Algérie deviendrait alors l’équivalent de la Californie et serait un partenaire de l’Europe aussi courtisé que l’est la Chine actuellement.
Conclusion : soyons modestes pour construire un grand pays
Ce texte a commencé avec l’idée que les Algériens, comme nation, ont été surtout stimulés au plan économique par un grand idéal de justice sociale. La liberté, autour de laquelle la nation a été construite, a été perçue dès le départ comme le moyen le plus sûr pour que la justice soit rendue à un peuple spolié et maintenu dans un état de dénuement considérable. Cette justice était l’égalité des droits et l’égalité des chances pour ceux qui essaient de s’en sortir. C’était cela, dans l’esprit des martyrs, la justice sociale. La grande question qui s’est alors posée aux dirigeants de l’Algérie indépendante a été celle du comment : comment réaliser la justice sociale ? Dans ce papier, nous avons suggéré que la réponse à cette question n’est pas politique. Au plan politique, elle a été résolue en affirmant que la justice sociale est un fondement de la nation. C’est une question de gestion de l’économie nationale et, par beaucoup d’aspects, c’est une question de nature scientifique, qui demande d’aller vers la connaissance pour trouver une réponse satisfaisante. La connaissance montre que les réalisations économiques posent un problème majeur de coordination des activités complexes de la société. Cette coordination a été tentée de manière centralisée, comme dans les pays socialistes, ou de manière décentralisée, dans tous les pays développés ou en émergence rapide. La méthode de coordination décentralisée est ce qu’on appelle l’économie de marché. Le résultat parle de lui-même. La coordination par le marché part de l’idée que les êtres humains sont imparfaits. Ils sont soumis à leurs désirs et à leurs besoins. Ils peuvent occasionnellement être à l’image de Dieu et s’élever moralement, mais cela ne dure pas longtemps. Ils retombent dans leur état imparfait, dès que l’adversité apparaît. Pour tirer le meilleur parti de cette imperfection de la nature humaine, il vaut mieux l’exploiter pour construire, plutôt que pour détruire. Le marché crée les conditions de la construction. En encourageant chacun à s’enrichir dans le cadre des règles du jeu du marché, on fait des travers naturels des personnes des alliés qui peuvent faire progresser l’ensemble de la société. Pour cela, il faut que les règles du jeu du marché soit claires. Nous avons montré que les règles du jeu, qui paraissent implicites ou inexistantes, sont très bien établies. Elles sont précisées par trois grandes théories, celle des droits de propriété, celle des coûts de transaction et celle de l’agence. Ces trois théories montrent comment des règles claires permettent d’améliorer la société de manière progressive. Dans l’expérience algérienne, il y a eu le socialisme et l’étatisme qui se sont imposés au départ par nécessité. Au lieu de considérer cela comme des situations temporaires, on peut faire l’erreur de croire que ce sont des choix qui peuvent remplacer le marché. Nous avons argumenté que le socialisme-étatisme n’a de chance que dans une organisation ou une société simple, comme l’était l’Algérie au lendemain de l’indépendance. Avec la complexité croissante des activités et des rapports, on ne peut pas gérer l’Algérie avec le socialisme- étatisme. On peut même la détruire avec une telle théorie. Le marché est surtout une philosophie de fonctionnement réaliste. Cette philosophie reconnaît les limites des capacités de coordination humaines. Elle privilégie la décentralisation. La centralisation peut détruire le pays, parce que toutes les énergies créatrices des Algériens seront utilisées pour détruire le système qui les contraint. La décentralisation est la seule garantie d’unité pour le pays. Le problème est que le socialismeétatisme est porté par des dirigeants dont la crédibilité est réelle. En particulier, B. Abdesslam est un patriote intègre qui a apporté des contributions réelles à l’Algérie. Son exemple pourrait nous inciter à faire de la théorie qui l’a animé la théorie de l’Algérie moderne. Ce serait une erreur et ce serait lui faire porter une responsabilité historique majeure. J’espère que les Algériens sauront éviter ce grand écueil.
Source Le Soir d’Algérie - Taïeb Hafsi Professeur à HEC Montréal

Le Pèlerin

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26 février 2011 6 26 /02 /février /2011 09:51

Pressions sur l'OPEP

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Alors que les cours du pétrole continuent de grimper, malgré les assurances de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, le baril de light sweet crude s'échangeait à 92,92 dollars, un niveau record depuis 2008, alors que celui du Brent de la mer du Nord s'affichait en hausse de 1,06 dollar, à 106,80 dollars. Jeudi matin, le baril de pétrole Brent de la mer du Nord, pour livraison en avril, a frôlé les 120 dollars, à 119,79 dollars, avant de se replier.

Cette évolution dans les prix est due principalement aux événements en Libye, où l'arrêt d'une grande partie de la production est ressenti durement par les raffineurs européens, qui se voient contraints de payer le prix fort pour trouver du brut de qualité, facile à raffiner. Pourtant, l'Opep ne prévoit pas pour l'heure d'accroître sa production en l'absence d'une quelconque pénurie sur les marchés. Se voulant rassurante, l'Organisation a fait savoir, par la voix du ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaimi, qu'elle serait prête à augmenter sa production en cas de pénurie. Traçant un parallèle avec la situation en 2008 qui a vu les prix du baril s'affoler, le ministre saoudien affirmera que «l'offre et la demande sont à égalité, les capacités de production excédentaires sont importantes, et la volatilité que nous voyons résulte de troubles temporaires». Pourtant, ces propos ne rassurent pas trop les pays consommateurs qui suivent de près les évolutions de la production pétrolière libyenne. Ainsi, Repsol, dont la production nette atteignait 34.777 barils de pétrole par jour en Libye en 2009, a déjà annoncé qu'il suspendait son activité. ENI, qui produit 244.000 barils équivalents pétrole et gaz par jour en Libye, soit environ un quart des exportations libyennes, a pris la même décision. Total, pour sa part, a commencé à suspendre certaines capacités de production en Libye, et l'Iran a également annoncé l'arrêt de ses activités pétrolières dans le pays.

Ces suspensions de production interviennent également sur fond d'incertitudes sur la capacité des ports libyens d'assurer le transport des hydrocarbures. Devant ces incertitudes, les gros clients de la Libye, dont l'Europe, qui importent environ 80% du 1,3 million de barils/jour exportés par la Jamahiriya, se tournent vers d'éventuels fournisseurs alternatifs pour faire tourner leurs raffineries. Ainsi, l'Arabie Saoudite, premier producteur mondial de pétrole avec 12,5 millions de barils/jour, a dit être en «discussions actives» avec des raffineurs européens dépendant de l'approvisionnement en brut libyen, en leur demandant «quelle quantité et quelle qualité de pétrole ils souhaitaient».

Le Nigeria et l'Algérie sont également cités par les analystes comme pouvant combler le déficit libyen : mais si pour le premier pays, sa situation de crise pourrait le disqualifier, la solution Algérie pourrait être la bonne si l'OPEP décidait d'augmenter sa production. Rappelons que l'Algérie dépasse déjà son objectif de production fixé par l'Opep à 1,2 million de bpj, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), une organisation qui représente les intérêts des pays consommateurs. «S'il y a avait une diminution de l'offre en raison de perturbations dans des pays producteurs, les pays de l'Opep, comme l'Arabie Saoudite, accroîtront leur production», a assuré Ali al-Nouaimi à l'issue de la dernière réunion ministérielle du Forum international de l'énergie (IEF), rassemblant les principaux pays consommateurs et producteurs de la planète.

Dans ce contexte, les appels à une hausse de la production se multiplient. «L'Opep semble ne pas être consciente du fait que les prix élevés du pétrole risquent de faire dérailler la reprise économique mondiale et de saper la demande future pour son propre or noir», déplorait le Centre for Global Energy Studies. Or, les Etats-Unis ont également appelé à une action rapide de l'Opep : «L'accroissement de la production est, on l'a vu dans le passé, une réponse qui permet de corriger une hausse des prix, a expliqué le secrétaire américain adjoint à l'Energie, Daniel Poneman.

Source Le Quotidien d’Oran Moncef Wafi

Le Pèlerin

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25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 07:11

La mort annoncée de la rente pétrolière

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Le taux de renouvellement de nos réserves a été de 50% en 2010, a révélé le vice-président amont de Sonatrach.

Les révélations de Saïd Sahnoun ont de quoi inquiéter. L’équilibre de l’économie nationale repose sur ses exportations en hydrocarbures qui lui permettent d’engranger 98% des ses recettes en devises. Or, selon les derniers chiffres livrés par un des hauts responsables de la compagnie nationale des hydrocarbures, l’Algérie extrait moins de pétrole de son sous-sol qu’elle n’en exporte. «Le domaine minier algérien a recélé des découvertes de l’ordre de 92 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) l’année dernière», indique le dernier bilan de Sonatrach. Ce qui veut dire que «l’Algérie a donc consommé bien davantage que les accumulations de pétrole et de gaz mises à jour», ajoute dans ses conclusions cet inquiétant rapport. 26 découvertes ont été réalisées par Sonatrach en 2010. Que peuvent-elles représenter? Des découvertes de moyenne importance sans plus, selon les spécialistes. Il faut signaler que depuis une dizaine d’années aucune découverte de grande envergure n’a été mise au jour.

Que dit l’état des lieux aujourd’hui? L’Algérie produit en partenariat 800.000 barils par jour de pétrole brut. Sa capacité de production est de 1,4 million de barils par jour mais depuis les baisses successives de la production des pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole qui ont pris la décision de retirer 4,2 millions de barils par jour pour faire face à la dégringolade des prix du pétrole qui avaient atteint le record de 147 dollars le baril au mois de juillet 2008 pour redescendre à moins de 34 dollars au mois de décembre de la même année, le quota de l’Algérie a été ramené à 1,2 million de barils par jour. Soit beaucoup moins que l’objectif affiché par l’ex-ministre de l’Energie, Chakib Khelil, de porter la production nationale d’or noir à 2 millions de barils par jour à l’horizon 2010. L’Algérie doit-elle revoir à la baisse ses ambitions? «Il convient de ne produire que ce dont on a besoin. Les réserves préservées auront une plus grande valeur dans dix vingt ans. Il faut également penser aux générations futures», a estimé un expert sur le site de Maghreb émergent qui se présente comme le premier site économique du Maghreb.

La facture des importations qui s’élève à 40 milliards de dollars par an constitue un danger permanent pour l’économie nationale en cas d’effondrement des prix du pétrole. Ce qui n’est tout de même pas le cas aujourd’hui. Les événements qui affectent la Libye ont propulsé le baril de Brent de la mer du Nord à plus de 107 dollars (hier à la mi-journée Ndlr). Le prix du panier de brut, véritable référence pour l’Opep, a franchi la barre des 100 dollars pour la première fois depuis près de deux ans et demi. Cette conjoncture demeure exceptionnelle. L’Algérie qui, en toute apparence, vend plus de pétrole qu’elle n’en pompe de son sous-sol, s’inscrit dans une stratégie qui ne lui laisse pas de marge de manoeuvre - à long ou moyen terme - en l’absence d’une économie hors hydrocarbures performante. La sonnette d’alarme est tirée... depuis longtemps.

Source L’Expression Mohamed Touati

Le Pèlerin

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21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 07:27

Pays du sud de la méditerranée - L’Europe révise sa politique d’aide

contestation dans le monde arabe

 

L’Europe engage depuis hier une refonte de sa politique d’aide aux pays de la rive sud de la Méditerranée, accordée jusqu’ici avec trop de complaisance à des régimes autoritaires, avec comme point d’orgue une visite, demain, de sa chef de la diplomatie en Egypte. Les Européens, qui apparaissent à la traîne des Etats-Unis depuis le début de la vague de contestation dans le Monde arabe ayant déjà balayé le Tunisien Zine El Abidine et l’Egyptien Hosni Moubarak, tentent désormais de remonter la pente. Même s’ils restent conscients que les Etats-Unis continuent à jouer les premiers rôles. La haute représentante de l’UE aux Affaires étrangères, Catherine Ashton, devrait être le premier visiteur de haut rang à se rendre en Egypte depuis la chute du raïs, ce soir et demain. «Les autorités égyptiennes souhaitaient que ce soit l’UE qui vienne en premier», souligne un diplomate européen de haut rang. «Elles ont apprécié que l’UE fasse preuve de plus de retenue que les Etats-Unis dans les pressions pour faire partir Moubarak», dit un autre. Mme Ashton fera le point au Caire des besoins d’aide de l’Egypte. La question devait être dès hier soir à l’ordre du jour d’un dîner de travail à Bruxelles des ministres européens des Affaires étrangères. Ils entendent remettre à plat leur politique de soutien à leurs voisins du Sud, dite «politique de voisinage», et discuter ensuite aujourd’hui des mesures concrètes de soutien à la transition démocratique. Pour l’Italien Franco Frattini, «l’Europe doit agir vite» en proposant un véritable «Plan Marshall» au monde arabe. Sinon, cela «conduira à plus d’immigration illégale, de terrorisme et de radicalisme islamiste», a-t-il averti. Globalement, l’UE envisage de conditionner plus sévèrement ses subsides au respect de l’Etat de droit et d’opérer une «différenciation» entre les pays. Un document diffusé par Berlin propose ainsi de lier davantage l’aide européenne à «l’évaluation des progrès» sur le plan de la démocratie et des droits de l’homme et «à l’inverse de sanctionner les reculs» en la matière. Plusieurs pays de l’UE riverains de la Méditerranée plaident aussi pour un effort accru en faveur des voisins du Sud. «Les disparités d’enveloppes (des fonds européens) sont aujourd’hui difficilement justifiables et soutenables», estime un document cosigné par la France, Malte, l’Espagne, Chypre, la Slovénie et la Grèce. Il relève que l’UE donne seulement 1,8 euro par habitant et par an à l’Egypte, 7 euros à la Tunisie mais 25 euros à la Moldavie. Le risque d’une redistribution des fonds, susceptible de se faire au détriment des voisins de l’ex-URSS, inquiète l’Europe de l’Est. La présidence hongroise de l’UE est déjà furieuse d’avoir dû renoncer à organiser en mai un sommet du «partenariat oriental» qui lie l’UE à l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Bélarus, la Géorgie, la Moldavie et l’Ukraine. «Nous voulions à l’origine obtenir une augmentation des fonds prévus dans le cadre du partenariat oriental, mais à présent si nous parvenons à maintenir les montants inchangés ce sera déjà bien», commente un diplomate d’un pays d’Europe orientale. Paris, Rome et les autres capitales de sud de l’UE veulent aussi tenter de relancer l’Union pour la Méditerranée, chère à la France mais enlisée depuis ses débuts du fait de l’impasse israélo-palestinienne. «La crise actuelle pourrait être un stimulus pour rediriger l’UPM vers les projets concrets annoncés à son lancement», comme des autoroutes maritimes ou terrestres ou bien des projets d’énergies renouvelables, juge Franco Frattini. L’UE a aussi décidé de mieux coordonner son aide avec ses partenaires internationaux: ce sera l’objet d’une réunion mercredi de hauts fonctionnaires à Bruxelles.

Source L’Expression R.I.

Le Pèlerin

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12 février 2011 6 12 /02 /février /2011 08:56

Pétrole: le baril finit à 85 dollars à New York après le départ de Moubarak

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Les prix du pétrole ont nettement reculé vendredi à New York, après l'annonce du départ du président égyptien Hosni Moubarak, mais ils sont restés en légère hausse à Londres, signe de la prudence des opérateurs.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en mars a terminé à 85,58 dollars, en recul de 1,15 dollar par rapport à la veille.

Mais, à Londres, sur l'Intercontinental Exchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a gagné 56 cents à 101,43 dollars.

Les cours ont décroché à New York "à la suite de la démission du président Moubarak", a expliqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

"En Europe, les gens attendent de voir comment la situation va évoluer en Egypte dans les semaines à venir", a ajouté l'analyste, relevant que le Vieux Continent était plus exposé aux approvisionnements en hydrocarbures en provenance du Proche-Orient.

L'Egypte contrôle deux routes stratégiques pour l'acheminement du pétrole des pays du Golfe: le canal de Suez et l'oléoduc Suez-Méditerranée (Sumed).

Le président du pays a finalement démissionné vendredi, chassé par la rue, et a remis les pouvoirs à l'armée.

"Les troubles au Proche-Orient n'affectent pas directement" le marché américain, a relevé Rich Ilczyszyn, de Lind-Waldock. "La volatilité est moins forte (sur les cours new-yorkais) que sur le Brent".

"Ce qui m'inquiète, c'est la possible propagation" des troubles aux autres pays de la région, a-t-il ajouté. "A mon avis, ce n'est pas fini. L'incertitude reste importante".

L'éclatement de la révolte en Egypte avait propulsé le baril de Brent à plus de 100 dollars le 31 janvier, pour la première fois depuis plus de deux ans.

"Un vide existe maintenant au niveau du pouvoir", a estimé Zakir Lorgat, analyste chez Inenco. "Le marché pétrolier va donc rester agité jusqu'à ce qu'une décision soit prise sur ce à quoi va ressembler le gouvernement égyptien".

Selon cet analyste, le marché "va chercher à être rassuré quant à la stabilité de la région dans les semaines et mois à venir".

Les cours à New York restent par ailleurs plombés par l'abondance des stocks de brut à New York.

Le terminal de Cushing (Oklahoma, sud), premier centre de stockage du pays, est proche de la saturation, une situation qui ne devrait pas s'arranger à court terme alors qu'un nouvel oléoduc a été mis en service mardi pour l'approvisionner, a relevé Andy Lipow.

Cet oléoduc, opéré par le groupe pétrolier TransCanada, permet d'acheminer le brut canadien vers Cushing. Il est intégré dans le réseau d'oléoducs Keystone, dont la capacité totale atteint 591.000 barils par jour.

Source 20minutes.fr AFP

Le Pèlerin

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 10:51

Les experts n’excluent pas une flambée historique des prix du pétrole frôlant la barre des 200 dollars!

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Une manifestation grève, regroupant quelque 6000 ouvriers, a eu lieu, hier, dans les arsenaux de Port-Saïd, à l’entrée nord du canal de Suez, ainsi que chez plusieurs sociétés privées travaillant sur cet axe stratégique du commerce mondial. Cette contestation, première du genre, depuis le soulèvement des Egyptiens, risque fort bien de conduire sûrement à un blocage du canal de Suez, par lequel transite un million de barils de pétrole par jour, en provenance de la région du Golfe en direction de la Méditerranée. Certes, l’Egypte n’est pas un producteur essentiel de pétrole, mais représente un carrefour important pour son transport. «Si ces itinéraires de transport devaient être interrompus, cela affecterait environ 2 millions de barils par jour», ont expliqué les analystes de Commerzbank.

Une telle situation provoquera certainement une flambée notable des prix du pétrole. Par ailleurs, les affrontements entre les manifestants et la police de Moubarak ont fait, encore hier, 3 morts et une centaine de blessés, selon l’AFP. La police a tiré à balles réelles contre des protestataires dans une ville située au sud du Caire. La foule en colère a réagi en mettant le feu à sept bâtiments officiels, dont deux commissariats, un tribunal et le siège local du parti du président Hosni Moubarak, le Parti national démocrate (PND). Au Caire, les manifestants, se trouvant à la place Tahrir, ne semblent pas vouloir lâcher prise, au 16e jour de révolte et au lendemain d’une mobilisation monstre contre le président Hosni Moubarak. Ils ont même bloqué, hier, l’entrée du bâtiment du Parlement, alors que la réunion du Conseil des ministres a été transférée à un autre endroit. A ses marches géantes viennent s’ajouter plusieurs mouvements sociaux portant sur les salaires ou les conditions de travail. A l’aéroport du Caire également, des mouvements sociaux ont eu lieu dans certaines sociétés de services, ou parmi des employés des services de sécurité. Des fonctionnaires du département des statistiques gouvernementales ont, par ailleurs, manifesté dans la capitale. Des mouvements sociaux ont également été signalés dans des usines de textile de Mahallah, dans le delta du Nil, ou encore dans une société gazière du Fayyoum (sud du Caire), ainsi que dans la grande ville industrielle de Helwan, qui jouxte la capitale. Les concessions de Hosni Moubarak ne semblent pas refroidir les esprits des manifestants. Après avoir formé un nouveau gouvernement et déclaré qu’il ne se présentera pour la prochaine élection présidentielle, le Raïs vient, dans l’espoir d’essouffler et mystifier la révolte du peuple, d’ordonner la constitution d’une Commission nationale, chargée d’apporter les amendements nécessaires à la Constitution égyptienne, conçue, jusqu’ici, sur mesure pour lui et fait de lui une sorte de «pharaon». Pour les millions d’Egyptiens révoltés qui exigent, rien moins que le départ de Hosni Moubarak, ne voient en cette commission que de la poudre aux yeux. Selon eux, le Raïs s’accommode encore à ordonner une batterie de pseudo-réformes, qui ne reflètent pas les revendications du peuple. Affrontant le régime du président, sa police et ses hommes de main, les dizaines de milliers de manifestants étaient rassemblés, hier, place Tahrir au centre du Caire pour marquer le 16e jour du mouvement de contestation. Beaucoup de manifestants portaient des drapeaux égyptiens et des banderoles sur lesquelles on pouvait lire: «Le peuple veut faire tomber le régime.»

«Nous sommes le peuple, nous sommes le pouvoir», scandaient les opposants. C’est dire que l’accélération des événements en Egypte répond à la volonté des Egyptiens à parvenir à un changement démocratique, et qui demeure une revendication sur laquelle les manifestants ne peuvent transiger.

Aux manipulations du pouvoir, la réponse des protestataires sera intransigeante: «Moubarak dégage».

Source L’Expression Kamel Lakhdar-Chaouche

Le Pèlerin

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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 00:56

Socialisation de la corruption, injustice sociale et manque d'efficacité économique

le monde arabe

L'universel serait le creuset ou se construisent dans le cadre d'un fonctionnalisme  à l'américaine, les normes et les valeurs qui fondent les relations sociales. C'est cette tendance philosophique et politique qui  glorifie les rôles des ONG pour les placer alors comme armatures du nouvel ordre politique international. Le résultat serait comme " le suggère avec ironie Anne Marie Slaughter … un ordre mondial dans lequel les réseaux de gouvernance globale relieraient Microsoft, l'Eglise catholique, Amnesty international, avec l'union européenne, les Nations Unies, et la Catalogne ".Or, devant cette tendance lourde qui se dessine au XXIème siècle, et il faut le reconnaître , dans le monde arabe, la complexité des tâches politiques et les exigences accrues du contrat politique demandent de plus en plus un apport conséquent en terme d'intelligence et de compétence et la qualité des élites fait aujourd'hui que les hommes d'Etat dépendent de l'Etat des hommes. Face à cette situation, aujourd'hui, si l'on prend notre pays, l'Algérie et après des ruptures et les agressions qui ont ravagé la mémoire et provoqué des déboires, négocie avec elle-même les virages de ses modernisations socio-économiques et politiques solidaires, en un mot la construction de l'économie de marché concurrentielle et de la démocratie. L'espace sociologique et la tradition politique algérienne ont une histoire particulière tant en ce qui concerne le rapport avec l'occident que le rapport avec le patrimoine politico-religieux de l'islam. Cet espace a été le premier à forger sa déférence et son autonomie vis-à-vis du Moulk Abbasside qu'on appelle abusivement khilafa. L'ibadisme et son émirat sont fondés sur une certaine idée de la justice et du travail. Si les logiques de la fragmentation ont été profondes, les méfiances remarquées face à la centralité politique traditionnelle avec les séquelles encore vivaces d'une culture beylicale alimentée par une écologie politique à dominance ruralo assabienne, l'Algérie s'est aussi construite dans une tradition politique fondée sur un mouvement politique pluriel et un nationalisme libérateur  qui a marqué son identité politique actuelle.

Les fruits et les paradoxes de son développement, sa crise et sa fitna, n'ont pas occulté la question de la légitimité du pouvoir et la problématique de la gouvernance. Les différents discours  de tous les présidents qui se sont  succédés  depuis l'indépendance politique n'ont-t-ils pas été axés sur la bonne gouvernance  mais hélas qui n'a pas été suivie dans la pratique. Il  existe une symbiose entre les discours que contredisent quotidiennement les pratiques quotidiennes à travers les différents scandales financiers, des procès tapageurs mais sans lendemain, du fait de la neutralisation des rapports de force au niveau du pouvoir, expliquant en partie la démobilisation et la méfiance de toute une population comme en témoigne le fort  taux d'abstention  lors de  différentes élections. C'est que le pilotage improvisé de la société, le détournement de l'Etat par les dépositaires des idéologies peu enracinées dans les consciences ont réduit la fonction sociale de l'autorité et remis sur le tapis une nouvelle fois les fondements de l'Etat tranchés avec un génie remarquable par le document historique, l'appel du premier novembre qui élabore l'architecture d'un Etat démocratique et social. Dans le triptyque " démocratique, social, imprégné des valeurs de l'Islam ", tout en tenant compte de notre culture ancestrale amazigh, se concentrent en réalité les valeurs consensuelles d'abords du mouvement national algérien, l'esprit combatif et jihadien de la génération de l'indépendance, mais aussi une avancée historique dans l'apprentissage et la construction politique en Algérie. Une rupture définitive ave les archaïsmes structurels de la pensée et de l'organisation sociale, une négociation avancée dans le domaine du développement, des ambitions exprimées dans le secteur de l'éducation, une participation active dans la scène internationale font que l'Algérie pouvait d'une certaine manière inscrire son parcours dans les logiques des Etats émergents. Or, ce programme a subi un naufrage inattendu. La mauvaise gouvernance conjuguée avec une conjoncture compliquée dans les relations internationales a mené vers l'échec et la fitna. Toutefois, les algériens ont soif d'une bonne gouvernance qui délimiterait alors les excès d'un populisme inconséquent et qui engagerait la collectivité nationale dans le renouveau. L'hypothèse la plus forte reste liée à la capacité des hommes à faire un Etat ou la capacité de l'Etat a engendré les hommes de la bonne gouvernance. Les équipements anthropologiques évoqués, les démantèlements provoqués par la fitna, les douleurs et les séquelles de la crise qui constituent des lourdeurs peuvent aussi pousser s'ils sont accompagnés par une communication politique conséquente, vers la recomposition du champ politique qui prendrait en charge la refondation national et la modernisation de l'Etat. Car, si le retour à la paix, à la stabilité et à la sécurité constitue la condition sine qua non du développement et de la prospérité, la démocratisation de la vie politique et la restauration de la crédibilité des institutions de l'Etat ne représente pas moins une condition tout aussi fondamentale. La bonne gouvernance concerne l'ensemble des outils et des méthodes de gestion des affaires de la Cité et embrasse la totalité des actions politiques - celles des hommes comme celles des institutions qu'ils dirigent - qui ont pour vocation de servir la collectivité. Comme analysé précédemment , mesurable et quantifiable, en quelque sorte, la bonne gouvernance est aujourd'hui l'objet d'une attention particulière à la fois des institutions internationales, des grandes nations et d'ONG internationales spécialisées et surtout ne laisse plus insensible les investisseurs potentiels c'est-à-dire des investissements porteurs à moyen et long terme seules condition de lutter contre le chômage et la pauvreté afin d 'avoir une croissance durable hors hydrocarbures et éviter que l'Algérie ne soit qu'une pure plateforme commerciale afin de drainer les réserves de devises via la rente. S'agissant de l'Algérie, les résultats qu'elle réalise malgré des dépenses monétaires sans précédents  et ce grâce aux hydrocarbures et non au génie créateur  qui vont à l'épuisement, semblent mitigés. La corruption dans les administrations et le système judiciaire semble constituer une entrave aux affaires en Algérie. La mauvaise position de l'Algérie est liée au détournement de deniers publics, du trafic d'influence et de la corruption dans les marchés publics " lit-on dans la majorité   des documents internationaux entre 2007/2010.. Cela ne fait que corroborer le manque de cohérence et visibilité dans la démarche de la réforme globale en panne et la socialisation de la corruption.

Conclusion : Pour  l'Etat de droit  et la démocratisation des régimes arabes

La bonne  gouvernance est  une condition essentielle à l'instauration d'un Etat de droit qui à la lumière des expériences historiques ne saurait s'assimiler durant une certaine phase à la démocratie qui doit prendre en charge les équipements anthropologues propres à chaque société comme l'a montré brillamment  l'économiste indien prix Nobel d'économie A.SEN. La bonne gouvernance reste cette capacité intrinsèque que possède une société à produire la politique et à faire ressortir à chaque fois la force de l'arbitrage pour piloter les clivages et contenir les contradictions débordantes. Car les quarante dernières années qui ont marqué la vie politique et économique de bon nombre de pays du Tiers monde nous réconfortent aujourd'hui dans notre conviction qui consiste à dire que le développement n'est pas une affaire de quincaillerie industrielle, de signes monétaires tant par l'importance des réserves de change ou de dépenses monétaires sans se soucier de la bonne gestion , mais une question de bonne gouvernance, de moralité des institutions par la lutte contre la corruption, la considération du savoir, le respect de la femme, la symbiose des apports de l'Orient et de l'Occident grâce au dialogue des cultures, qui a fait la prospérité du monde arabe et musulman en général à une certaine période historique, une visibilité dans la démarche , une politique socio-économique cohérente , réaliste loin du populisme, permettant de concilier l'efficacité économique et l'amélioration du pouvoir d'achat de la majorité tenant compte des nouvelles mutations très rapides du monde où toute Nation qui n'avance pas recule. Bref, la bonne gouvernance se conjugue toujours au présent et se chante selon les hymnes des cultures et vit comme une harmonie entre la force et la politique. La bonne gouvernance se vérifie dans la vision et les convictions des vrais acteurs et leurs capacités réelles à entreprendre les actions appropriées et engager la société dans la voie de l'efficacité et de la modernité fécondes et intelligentes.

Suite et fin.

Source Le Maghreb

Professeurs Abderrahmane Mebtoul - Economiste  et Mohammed Tayebi - sociologue

Le Pèlerin

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4 février 2011 5 04 /02 /février /2011 00:55

Socialisation de la corruption, injustice sociale et manque d'efficacité économique

carte-du-monde-arabe

 

D'un autre côté la gouvernance est au centre des préoccupations de la pensée juridique, politique et sociale, car elle préfigure le schéma directeur relatif à la gestion des affaires publiques, de l'intérêt commun au centre duquel se trouve alors impliqué la question lancinante de la justice sociale (Adl). Comment ne pas souligner que la bonne gouvernance a toujours marqué la mentalité des communautés et structuré leur identité. Aux origines historiques de l'Etat et de la politique se trouvent enracinées et bien cultivées les origines de la gouvernance. Les questions de " qui peut " ou "qui doit gouverner ", de "comment gouverner " constituent en effet la matrice de la problématique de la gouvernance. Entre les vicissitudes de l'histoire et les cultures juridiques (droit positif ou Fikh) entre les systèmes de la représentation politique (parlement ou d'autres formes de la représentation) et l'efficacité du pilotage des affaires publiques, du bien commun, la gouvernance est au centre des préoccupations des différents acteurs du domaine politique. Si les avancées annoncées par la pensée et vécues par les sociétés occidentales font admettre aujourd'hui que l'Etat n'est plus un sujet protégé par aucune sacralité ni encore une structure fondée sur l'infaillible ( la issma), sa problématique aujourd'hui dans le monde arabe est idéologiquement partagée entre celle d'un nationalisme libérateur pour les uns , tapageur pour les autres et celle d'une sacralité portée tantôt par des envolées " jihadiennes " et agressives (les mouvances jihadistes et populistes) tantôt par un retour aux sources archaïques et sans innovations conceptuelles.

Ce repli politique renforcé par les puissances assabiennes n'a jamais dérogé à la règle et même quand l'islam était la matrice unique du lien social, les divisions, les conflits et les blocages étaient aussi de mise sur les questions de gouvernance tantôt, pour l'hégémonisme tribalo-confrérique, tantôt pour diffuser une daâwa ou défendre un dogme. Des phénomènes politiques non encore suffisamment étudiés et ayant trait au retrait de l'autorité étatique et au vide institutionnel qui ont lieu au niveau des espaces sahariens du Maghreb juste après l'effondrement de la dynastie des mourabitoune nous révèlent que les communautés tribales ont développé un système de gouvernance sans centralité politique. On a assisté à un développement de l'intervention de la société civile. Ainsi, l'organisation des caravanes vers la Mecque ( Haj,), l'organisation de l'enseignement, la planification des villes et la spécialisation fonctionnelle des tribus et des zouis ont remédié à l'absence de l'autorité politique centrale.

3.- Fondements anthropologiques de la gouvernance

Si la pensée contemporaine commence à construire sa régionalité, la politique comme la culture est par essence régionale et exprime la spécificité de l'intelligence et du génie d'une communauté. C'est que les mécanismes juridiques qui cadrent les questions des droits et des devoirs, délimitent les espaces des libertés, les responsabilités individuelles et collectives dans les cultures humaines et dans les esprits des différentes civilisation, diffèrent sans se contredire foncièrement. Ainsi la question des droits, (houkuk), est globalement plus développée dans la pensée juridique et le discours sociologique de l'Occident. Le développement de la culture revendicative et l'esprit des luttes sociales qui l'ont caractérisée a profondément marqué et souvent structuré les modèles politiques. La tradition politico-religieuse du monde arabe est axée surtout sur les obligations wajibate. Le Kharaj et le système archaïque des impôts dans sa globalité, le pouvoir indiscutable et indiscuté de l'autorité religieuse, l'action déstructurante et destructive des assabiates adaptables et

adaptées aux différents contextes de la politique, ont fait des wajibate (obligations) une " seconde religion " qui habite les esprits. Le fakih et ses madahib qui sont en fait une production de la pensée des hommes a dépossédé la raison collective de ses facultés critiques et s'est imposé alors comme une vérité absolue qui échappe à la critique. Alors, qu'il est en réalité une production normative fondée sur la différence. Ibn Khaldoun , dont la structure de la pensée et les sens de son action politique tournent essentiellement autour de l'Ijtima et ses exigences, avait explicitement annoncé en son temps que la liberté et non la contrainte fonde le oumran qui ne peut progresser que par l'apport toujours renouvelé de la politique rationnelle (siassa aklia ) et de l'action normative ( al amal al kholouki). Il avait appelé à légiférer sur l'indépendance de la monnaie vis-à-vis des pouvoirs sultaniens et averti des conséquences néfastes trop importantes de l'intervention de l'Etat dans les affaires économiques et commerciales (privatisation de l'Etat à des fins occultes). Seulement, cette pensée n'a pas toujours réussi à conceptualiser ses approches et à vulgariser les idées. En effet, si les cercles des élites arabes ont fleuri et essaimé l'espace et les institutions, cet élan n'a pas abouti comme cela a été le cas en Europe dès le 16 siècle à enclencher une osmose entre l'évolution de la pensée et le développement des sociétés menacées qu'elles étaient par un démantèlement structurel de ses ordres et de ses idées. Cette tendance régressive s'est soldée par la dilapidation de tout l'héritage relatif à l'urbanité et à l'esthétique arabe pour finir coincée dans une politique fondée sur le rudimentaire qui a engendré toutes les assabiates. C'est le commencement des logiques perverses qui n'ont fait, au-delà de l'agitation idéologique de certains foukaha, que creuser davantage les fractures et anéantir les chances d'une compétition raisonnée avec l'Occident. Mais dire que la gouvernance et surtout celle de la bonne gouvernance est une météorite qui vient de tomber venant de la galaxie de la banque mondiale, c'est faire l'impasse sur une tradition intellectuelle riche et profonde qui a alimenté les mouvements sociaux.  La tradition arabe à produit en effet un patrimoine intellectuel divers sur la question de la gouvernance qui renvoie essentiellement à la légitimité khilafienne puis sultanienne et aussi à la question de la bonne gouvernance avec ses discours et structures. Les logiques des contrats politiques ne concernent pas le modèle sultanien et ses pratiques, comme le suggère le fikh sultanien et ses prolongements dans la pensée politique arabe. C'est surtout de la gouvernance et particulièrement de la bonne gouvernance qu'il s'agit. Du contrat de la médiation prophétique au contrat politique républicain contemporain( basé sur le droit positif ) en passant successivement par le contrat Khilafien (Rachidien) , le contrat du Moulk sultanien (Oumayyade et abbasside) et ses différentes variantes doctrinales, le fond des débats théologiques ( sunnisme, chiisme, kharijisme et muatazilisme ) et philosophiques (Ibn Rochd et ibn Khaldoun en l'occurrence), l'imaginaire social arabe était et reste accroché non à l'identité institutionnelle du modèle politique, mais surtout à ses capacités adliennes, ses compétences à gérer les intérêts de la Nation (Umma) et à protéger les gouvernés du despotisme des gouvernants. La culture arabe tout genre confondu (littérature, mythes, légendes et historiographie, satires) a marqué l'imaginaire par ses apports esthétiques et idéologiques concentrés sur le bonne gouvernance devenue,  face aux despotismes, et devant l'hégémonisme assabien un mythe inaccessible. Et toutes les frustrations de la conscience proviennent de la perversion de la norme politique, posant le statut de la légitimité du pouvoir dans le monde arabe qui n'est pas seulement d'ordre méthodologique, mais particulièrement d'ordre culturel.

4.- Mondialisation et bonne gouvernance : où en est l'Algérie ?

La planète politique de notre temps et les modèles politiques qui l'ont caractérisée amorce semble-il une mue qui ne tardera pas à changer sa fonction. D'un côté des Etats puissants qui se liguent pour prendre en main les destinées du monde et d'un autre côté, les Etats chétifs souvent ruinés qui deviennent alors un danger pour la paix, la sécurité dans le monde. Apparaît alors l'importance et l'efficacité des institutions internationales et les organisations non gouvernementales comme structures organisationnelles animées par de nouveaux acteurs sociaux et capables de remédier aux handicaps des gouvernements. Dans le système des relations internationales, la gouvernance apparaît alors comme une gouvernance sans gouvernement. Le principe de la souveraineté est mis à rude épreuve et apparaît alors comme une vieille recette politique. Les constituants juridiques et anthropologiques de la nationalité et les structures idéologiques et subjectives des nationalismes céderont progressivement devant l'avancée d'une nouvelle citoyenneté sans odeur et sans couleur. Les identités religieuses ou écologiques se dissolvent et se désagrègent dans les matrices de la nouvelle culture médiatique.

Source Le Maghreb

Professeurs Abderrahmane Mebtoul - Economiste  et Mohammed Tayebi - sociologue

A suivre ...

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 10:09

Les cours du Brent se maintiennent au-dessus de la barre des 100 dollars, mais ils peuvent s’envoler dès cette fin de semaine.

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L’appel à la manifestation anti- Moubarak, demain, risque d’être crucial à plus d’un titre. Si l’Egypte n’est pas à l’abri du chaos, le marché pétrolier est, quant à lui, soumis à une pression qui peut provoquer une flambée des cours de l’or noir. Les conséquences sont à prendre très au sérieux: la timide reprise de la croissance mondiale, déjà bien fragile, risque d’être hypothéquée. Alors que les regards restent focalisés sur les marchés pétroliers avec en filigrane une probable flambée des prix du brut qui pointe le bout de son nez, une autre préoccupation majeure et non des moindres est évoquée: l’approvisionnement en pétrole du Vieux Continent n’est pas à l’abri d’une rupture. Cette hypothèse est cependant écartée dans l’immédiat. Quel est le type d’argument convaincant avancé qui puisse permettre d’aboutir à une telle conclusion? «En raison des stocks-tampons détenus par les pays membres de l’AIE (145 jours d’importations nettes), tout risque de rupture d’approvisionnement semble exclu», peut-on lire sur le site du quotidien français L’Express. Le raisonnement tient la route. Cependant, les ingrédients et les indices d’une potentielle «crise» pétrolière existent. Le terrain est miné. «Les flux de pétrole transitant dans la région du canal de Suez sont estimés à 3 millions de barils/jour, soit près de 15% de la consommation européenne», fait rappeler la banque helvétique Bordier & Cie. La situation est alarmante mais peut être maîtrisée, à condition toutefois que les troubles en Egypte qui prennent la direction de la Révolution de Jasmin en Tunisie ne perdurent pas. L’Europe risque, en effet, de payer cher l’or noir dans le cas où la crise politique au pays des Pharaons s’inscrirait dans le temps. «Les marchés craignent que ces troubles ne mettent à mal les livraisons de pétrole du Moyen-Orient vers l’Europe et les Etats-Unis. Si le canal fonctionnait mal ou fermait, les supertankers devraient faire un détour de 10.000 kilomètres par l’Afrique du Sud. Une réorganisation du transport qui induirait des délais et des coûts supplémentaires et donc une hausse des cours», a déclaré pour 20minutes.fr, Guy Maisonnier, ingénieur économiste à l’IFP Energies nouvelles. Le «processus» pour une augmentation notoire des prix du pétrole semble cependant bel et bien enclenché. «Bien que les troubles n’ont pas pour le moment affecté les livraisons, la prime de risque géopolitique devrait encore augmenter» pour les cours du brut, selon certains analystes. «L’annonce par le président Moubarak de son intention de rester au pouvoir jusqu’à l’élection présidentielle prévue en septembre, a contribué à soutenir les cours du Brent», faisait remarquer de son côté David Hart, de Westhouse Securities. Le marché pétrolier reste à l’écoute des échos en provenance du Caire.

En outre, le risque d’un effet domino dans la région est fort craint. «Les marchés fixent le prix du pétrole en fonction des anticipations à moyen terme. Ils ont donc intégré la possibilité que la crise politique se propage à des pays voisins de la Tunisie et de l’Egypte, comme l’Algérie ou la Libye. Cet élément géopolitique joue beaucoup», a estimé cet analyste. «Pour l’instant, aucun risque de pénurie n’est à prévoir. Mais si la production de ces trois pays était affectée, l’OPEP ne disposerait plus de marges de manoeuvre. Cela créerait une pression sur l’offre et donc sur les prix», a tenu à rassurer Guy Maisonnier. Les prémices de ce scénario se font déjà sentir. Les cours du Brent de la mer du Nord ont atteint, mardi, les 102 dollars le baril. Un seuil qui n’a pas été atteint depuis le mois d’octobre 2008.

Source l’Expression Mohamed Touati

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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 09:39

UE-Tunisie - La coopération appelée à croître en 2011

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Le représentant de l’Union européenne à Tunis a déclaré,  hier à l’AFP, que Bruxelles  allait “sûrement augmenter sa coopération en 2011” avec la Tunisie et que les négociations sur l’octroi d’un statut avancé à ce pays allaient être grandement facilitées par la nouvelle donne politique.

“80% de ce qui a été proposé depuis l’ouverture de ces négociations demeurent et certains éléments peuvent être accélérés, maintenant que le peuple tunisien s’est lui-même choisi un statut avancé” et que l’hypothèque de la bonne gouvernance exigée par Bruxelles “est levée”, a précisé Adrianus Koetsenruijter. Une coopération accrue en 2011 vise “à générer un tissu social plus fort et plus productif”, notamment dans “les régions faibles” du pays, a-t-il expliqué.

L’Union européenne avait entamé en mai 2010 avec le régime du président, aujourd’hui déchu, Zine El Abidine Ben Ali, des négociations sur ce statut avancé, censé ouvrir la voie à un traitement douanier préférentiel pour les échanges et à une libéralisation en matière de visa.  Mais ces discussions n’ont pas fait de progrès sensibles depuis lors. La visite mercredi à Bruxelles du nouveau chef de la diplomatie tunisienne, Ahmed Abderraouf Ounaïs, pour relancer ces négociations, “va permettre d’identifier les urgences pour que l’UE puisse adapter son action”, a commenté l’ambassadeur européen.  Hier, les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont décidé de geler les avoirs de l’ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali et de son épouse.

L’ambassadeur européen à Tunis a précisé qu’au total la liste pourrait concerner “une cinquantaine de personnes”.

Source Liberté

Le Pèlerin

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