L'Algérie en 50 mots-clés De A à Z (5/8)
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Mauvais œil et Talismans
Pour combattre le maz'ra ("mauvais œil") ou la scoumoune ("malchance") et pour attirer la baraka ("chance"), chacun a sa méthode : rites, gri-gri, fumigations odorantes, bénédictions, prières au marabout du coin, henné et khôl, invocation de dieu (Bismillah, "au nom d'Allah"), etc. Dans ce domaine, les chiffres 5 et 7 sont chargés d'une symbolique particulière dans le monde arabo-musulman.
Sur les portes, le heurtoir était traditionnellement en forme de main, la main du bonheur qu'on retrouve avec la main de Fatima (khemsa). Si les cinq doigts de la main évoquent les cinq prières quotidiennes de l'islam et les cinq piliers de l'islam (les cinq obligations auxquelles le croyant est tenu d'obéir), le symbole n'est pourtant pas religieux et a touché toutes les communautés qui ont vécu en Algérie. Le 5 se retrouve également dans la forme circulaire, l'œil ou le CD orné de versets du Coran pendu au rétroviseur de la voiture.
Le chiffre 7, sebba, est porteur d'une grande symbolique dans nombre de cultures et on le retrouve aussi souvent dans la Bible que dans le Coran qui évoque les sept cieux, les sept terres ou les sept parties de l'enfer, etc. Sept est également le nombre des versets de la sourate liminaire du Coran, al-Fâtiha, que tous les musulmans connaissent par cœur. Les exemples peuvent être multipliés au moins par sept. Ainsi, il y a sept façons de lire le Coran et sept interprétations possibles ; on tue un mouton sept jours après la naissance d'un enfant qui reçoit en même temps son prénom ; les remparts des villes anciennes étaient souvent percés de sept portes et on dit qu'après la fin du monde sept villes du Maghreb (Tunis, Ténès, Tiaret, Tlemcen, Taza, Tetouan et Taroudant) resteront debout...
Marchandage
Cette pratique, finalement bien moins répandue en Algérie que dans les souks de Marrakech, possède de bons côtés car elle pousse au contact et à la discussion. Le but étant d'arriver à un bon prix qui fasse autant plaisir au marchand qu'à vous-même, il ne faut jamais raisonner en termes de bénéfices. De toute façon, si le marchand vous vend un produit, c'est qu'il y gagne aussi quelque chose. Ne vous demandez pas si vous auriez pu descendre plus bas. Essayez tout de même de vous renseigner avant, pour connaître la fourchette de prix du produit que vous souhaitez acheter. Enfin, règle d'or, si vous proposez un prix et que le marchand l'accepte vous devez payer. Encore une fois, c'est l'honneur qui est en jeu. Sinon vous n'êtes jamais obligé de payer, même sous la menace du marchand. Ne vous laissez pas influencer, soyez fier d'acheter.
Medersa
Les medersas sont les écoles coraniques autrefois chargées de l'éducation des étudiants en théologie, en histoire ou en sciences. Ces "universités coraniques" furent implantées dès le XIIe siècle, souvent situées près des mosquées et leur architecture repose traditionnellement sur une vaste cour rectangulaire à ciel ouvert, pourvue d'un large bassin à ablutions et d'un déambulatoire. A l'extrémité de cette cour, la salle de prière (haram) est souvent un joyau de décoration. Les murs sont généralement très hauts et coiffés d'un toit de tuiles vertes en forme de pyramide. A l'étage, les chambres sont de petites cellules où s'entassaient les étudiants.
Mosquée
Mosquée (djemâa ou djamâa, en arabe) signifie le "rassemblement". C'est donc l'endroit où l'on se rassemble pour une prière collective. Chaque quartier possède la sienne, plus ou moins récente, plus ou moins bien décorée. En dehors des prières, la visite des mosquées est en principe autorisée aux non-musulmans mais par mesure de précaution demandez toujours si vous pouvez entrer. Dans tous les cas, une tenue correcte est impérativement exigée et ôtez vos chaussures à l'entrée. Chaque mosquée est composée d'une cour intérieure au centre de laquelle se trouve le bassin à ablutions.
Face au mur de prière (qibla), orienté vers l'orient, les fidèles s'alignent pour prier ensemble devant le mihrab, niche creusée dans la qibla et indiquant la direction de La Mecque. Le minbar, la chaire à prêcher où officie l'imam, peut être excentré ou situé devant le mihrab. L'Algérie compte de nombreuses belles mosquées (Tlemcen, Alger, etc.), la plus grande étant celle de l'Université Abdelkader des sciences islamiques édifiée «j début des années 1980 à Constantine.
Muezzin
Un enfant à qui l'on demandait "Alors c'était bien l'Algérie ?" répondit "Oui, à part le monsieur qui criait la nuit !" Eh oui, le muezzin ou de nos jours sa voix enregistrée crie, ou plutôt appelle les fidèles à la prière cinq fois par jour (adhan). Il commence très tôt le matin, et il y a ceux qui l'entendent et ceux qui dorment encore trop profondément...
Mirage
Dans les zones désertiques, aux heures les plus chaudes de la journée, on peut être grugé par l'apparence trompeuse d'une nappe d'eau située dans le lointain, alors qu'il ne s'agit en fait que d'un phénomène optique proche de la perfection. Celui qui n'a pas eu la chance d'être confronté directement à un mirage, en a certainement entendu parler, sans aller jusqu'à certaines représentations caricaturales de ce phénomène, vues i.ims des films ou des bandes dessinées, pas toujours conformes à la réalité. Contrairement à une idée reçue, les mirages mi sont pas une exclusivité des déserts, ils peuvent également se produire sur la banquise ou en mer. La cause en est la superposition de couches d'air de températures différentes. L'illusion d'optique est entretenue par une densité inégale à l'intérieur de ces couches d'air, et par une reflexion intégrale des rayons lumineux. La conséquence visuelle se traduit par le fait que des objets éloignés vont avoir plusieurs nuages inversées ou superposées et plus ou moins tremblantes.
Nif
Le mot désigne le nez, siège de l'honneur, île la fierté, de l'orgueil qui frise souvent la grande susceptibilité... Il faut juste le savoir ! La prochaine fois, nous vous parlerons de la redjla ("virilité" jusqu'au machisme)...
Nomades
La vie nomade a été le mode de vie traditionnel d'une bonne partie de l'Algérie, depuis les temps les plus reculés jusqu'aux débuts de la sédentarisation dans les années 1960. Les gravures rupestres du Tassili N'Ajjer témoignent du mode de vie pastoral et nomade d'un peuple qui serait l'ancêtre des peuls du Sahel. Ceux-ci se seraient réfugiés plus au sud lors de la désertification des savanes. De nos jours, il n'y a plus beaucoup de nomades "à temps plein". Les Chaambas sont devenus sédentaires, les Touaregs aussi mais c'est peut-être la nostalgie d'une vie organisée autour de la caravane des chameaux, des troupeaux de chèvres et de la kheima (tente) qu'on démontait quand il n'y avait plus d'herbe qui fait choisir à certains de travailler avec des touristes.
A suivre……Demain O, P, R
Source : Le Petit Futé
Le Pèlerin