La classe politique en ébullition
Il faut remonter à loin, très loin même dans le temps, pour se souvenir d’une embellie comme celle que connait ces derniers temps la scène politique nationale, plongée jusque-là, dans une profonde léthargie.
Un nouveau souffle qui, comme l’espère plus d’un, ne sera pas éphémère comme il le fut à maintes reprises par le passé à l’occasion, principalement, de joutes électorales
Ce qui ne semble pas être le cas, cette fois-ci, avec un seul mot d’ordre que partage une grande partie de la classe politique, voire même du peuple : le changement. Un mot d’ordre leitmotiv, il n’y a pas longtemps d’une partie de la classe politique et que fait sien le reste depuis que la révolte a commencé à souffler sur la rive sud de la Méditerranée.
Un vent qui a déjà emporté avec elle deux dictateurs, les raïs égyptien et tunisien au moment où le guide libyen est en butte à une rébellion qui risque de lui coûter le fauteuil au même titre que nombre de ses compères arabes. Ceci dit, cet espoir de changement est diversement apprécié par les partis et autres personnalités politiques.
Chacun y va de son angle, de sa vision quant à l’analyse de la situation du pays et aux meilleurs voies et moyens à même de concrétiser cet idéal. S’il est vrai qu’il présente bien des particularités par rapport au reste du monde arabe, de par notamment, le fait d’avoir eu à subir, en silence, une longue période de terrorisme avec son long fleuve de sang et de larmes, il n’en demeure pas moins que le peuple algérien partage avec le reste des peuples arabes l’idéal de liberté.
Signe de ce dynamisme qui caractérise la scène politique nationale, les sorties sur le terrain de plus en plus en vue des leaders et autres acteurs politiques.
Ainsi, le RCD qui a été le premier d’annoncer la couleur, essaie encore à imprimer aux émeutes du tout début de l’année, un caractère politique. Ceci en organisant d’abord une marche en solo avant d’élargir l’action à des partis et personnalités et autres segments du champ syndical et associatif.
Un forcing et une pression qui ont eu pour effet la levée de l’état d’urgence, quoique suscitant bien des réserves, et une batterie de mesures de divers ordres : emploi, logements… adoptées par le dernier Conseil ministériel. Partageant le même objectif, le FNA estime que la «liberté s’obtient dans un cadre organisé, paisible et pacifique », insistant sur «l’urgence de trouver des solutions radicales et efficaces» aux préoccupations des jeunes et de la société algérienne par «l’investissement dans l’homme».
Moussa Touati invite les Algériens à «s’inspirer des principes et valeurs du 1er Novembre 1954, pour édifier un système républicain et démocratique ». Pour le FFS qui a assisté à la naissance de la Cncd (Coordination Nationale pour le Changement et la Démocratie) avant de s’en retirer presque aussitôt, la liberté et la démocratie sont des processus qui se construisent dans un cadre «pacifique».
Le premier secrétaire du parti qui a animé un meeting populaire dans la Capitale, vendredi dernier, ne souscrit pas aux manifestations de rue, estimant que «la démocratie et le changement ne s’improvisent pas». «Il faut faire un effort important pour aller vers un changement pacifique et ordonné», affirme Tabbou, reconnaissant l’existence de «divergences de fond sur la méthode et la nature de ce changement» au niveau des organisations politiques et sociales.
«Le pays a besoin d’une transformation politique sérieuse et la responsabilité incombe à la fois au pouvoir, à l’opposition et à l’élite du pays», a-t-il estimé. Autre acteur, autre position, Louisa Hanoune qualifie «d’importantes» les mesures prises lors du dernier Conseil des ministres en faveur de l’emploi et de l’investissement, estimant que les postes d’emplois temporaires «doivent être permanents »
La patronne du PT plaide également pour la réouverture des entreprises fermées, au nombre de «1.500 à travers le pays», avant d’appeler à la «nationalisation des cimenteries», en particulier l’usine de Hadjar Soud (près de Azzaba, ndlr).
Autre initiative ayant le même objectif de changement, celle du mouvement El Islah qui, en compagnie d’autres entités syndicales et associatives et personnalités dont l’ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour, ont créé l’ANC (Alliance Nationale pour le Changement).
Cette nouvelle entité ouverte aux citoyens» et «à toutes les initiatives allant vers le changement» et qui compte organiser un meeting le 18 mars prochain à Alger dans l’attente d’autres à tenir à travers le pays, est au stade d’élaboration d’une plate-forme de revendications et un programme de travail.
«Nous n’avons pas de président ni de porte-parole. Nous n’avons pas encore terminé notre travail. Cela serait fait quand tout sera prêt», a affirmé Benbitour, lundi, dans une conférence de presse.
Source Le Courrier d’Algérie K.M.
Le Pèlerin